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Sharagon, Capitale du Duché de Sharagon

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Toron

Toron
Admin

Le soleil avait largement entamé sa descente dans un ciel d'un bleu uni lorsque Lirel Toron arriva à sa demeure. Petite maison construite au centre de la ville c'est là que le Duc vivait en attente de construction de son Palais, il estimait que beaucoup de choses passaient avant cela. Le rez-de-chaussée de la maison était avant tout une petite salle de réception. Le Duc avait déjà laissé Tempête de Neige aux écuries et était revenu chez lui à pied accompagné de Rir, ce dernier avait été pendant longtemps un serviteur de la maison des Toringiens, il gérait autrefois l'approvisionnement du Manoir, poste qui néanmoins ne mettait pas à profit tous ses talents de gestionnaire. Le Duc avait naturellement décidé d'en faire son conseiller à l'économie. Rir lui faisait chaque soir un rapport détaillé sur l'activité économique du jour dans la cité. Une fois installés à une simple table en bois  et un verre de vin sharagonais devant lui le Conseiller commença son rapport :
- Le marché a été plutôt calme aujourd'hui, la taxe sur les échanges n'a rapporté ce jour que 2 873 pièces d'or. Malgré l'activité calme de nombreux arrivages de Céloutata et Nouvel Ecensor, des chevaux de Marodia principalement et du blé des plaines de Céloutata. C'est à ce sujet toujours que je vous conseille d'orienter nos ouvriers sur la construction de fermes dignes de ce nom afin que nous ne soyons pas otages du blé étranger. Celui qui...
- Celui qui vous nourrit est aussi prompt à vous donner des ordres. Je le sais Rir, je te l'ai déjà dit : nous nous y attellerons plus tard, nous avons encore beaucoup à faire. La masse de travail est énorme. Au moins l'approvisionnement en blé de Céloutata ne semble pas aussi aléatoire que celui des pierres, c'est une bonne chose.
- J'allais y venir, la plupart des chantiers étaient ce soir à cours de pierres, votre frère a bien évidemment réorienté les ouvriers. J'ai reçu ce matin un pigeon voyageur qui m'indiquait le départ de nos pierres de Céloutata, avec le trajet de près de deux jours cela va ralentir considérablement les travaux. Ce projet de route directe avance t-il seigneur ? Il devient de plus en plus indispensable afin d'éviter aux caravanes marchandes de faire un détour par Nouvel Ecensor.
- Le problème n'est pas de trouver un accord à ce sujet, il s'agit de tracer un itinéraire au milieu de terres hostiles, lesquelles appartiennent parfois sur la carte à Marodia et je doute qu'Eckwan ne soit très enthousiaste à l'idée de cette route puisqu'elle priverait Nouvel Ecensor du passage et du revenu qu'il génère.

Le Duc se leva de table précipitamment :
- Je vous remercie Rir mais ce sera tout pour ce soir, je me sens épuisé. À demain.

L'autre ne broncha, il se contenta de vider son verre, d'assembler ses documents et de filer en lançant un «Bonsoir seigneur».  Lirel décida de monter à l'étage dans sa chambre. C'était une pièce de taille modeste, dans laquelle tenait un lit simple, deux chaises, et un petit autel pour les prières quotidiennes du Duc. Une patère accrochée à la porte lui permettait aussi de suspendre ses vêtements. Il n'était pas réellement épuisé. Mais la pensée de son grand-père l'avait hanté toute la journée, et le simple contact du pommeau de son épée lui avait été insupportable, il n'avait malheureusement pas pu revenir ici plus tôt. Ses journées étaient pleines, il n'avait aucun repos. Il s'approcha de l'autel devant lequel il s'agenouilla. L'autel était disposé devant la grande fenêtre de sa chambre, ainsi que le voulait la coutume cela lui permettait un contact direct avec les étoiles. Il fit rapidement ses prières puis s'attarda devant l'autel, toujours très concentré. Il pouvait presque ressentir un lien avec son grand-père, il en était certain. Il ne se passait absolument rien, mais il le sentait, et cela l'apaisa. À son côté droit la Lame des Toringiens sembla soudain moins lourde, cette lame qui n'avait rien de celle d'un grand épéiste était la vieille lame de son grand-père, qu'il possédait et utilisait lors de la fondation d'Ecensor et lorsqu'il vainquit le tyran Matimat, une lame mal équilibrée et avec de nombreux défauts. Une lame que n'importe quel forgeron digne de ce nom aurait mis au rébus sans doute. Mais c'était la lame de toute une famille et il espérait à son tour la transmettre un jour. Parfois il espérait aussi qu'une expédition navale permettrait de retrouver l'ancien continent. Il n'en avait que peu de souvenirs et il était pourtant l'un de ceux qui en avaient vu le plus. D'autres fois il espérait presque que les flottes du ténébreux Sinnik accosteraient sur les côtes de l'une ou l'autre des nouvelles nations afin qu'il puisse venger tous les sacrifiés à son règne afin de laisser partir une poignée. Bien sûr, seul Marodia et Sharagon, voir Trykomine dont le dirigeant était un descendant du Duc Timon de Frilanka pourraient se sentir concernés par un tel combat. Keiron et Rakatas étaient des nations d'«indigènes» du nouveau monde. Sinnik... Les seules choses qu'il connaissait de cet homme, si on pouvait encore le qualifier ainsi étaient ce qu'il avait apprit dans les livres, dans les histoires contées par les plus vieux et par les histoires effrayantes racontées aux enfants par leur mères afin qu'ils finissent leur soupe lorsqu'il n'était alors qu'un enfant dans l'ancien monde. Mais leur navire avait dérivé d'île en île pendant sept ans sans aucun cap précis, nul n'avait jugé utile de consigner la route suivie lors de cette dérive.
Pourquoi ?

Son grand-père aurait du tuer Sinnik lorsqu'il l'avait pu, lors du siège de Cya, au risque de voir Ecensor plus dévastée qu'elle ne le fut inutilement puisque les hordes des ténèbres revinrent à peine quelques années plus tard, détruisant tout. Leur débandade et leur fuite aurait pu être éviter. N'aurait-il pas été si simple d'enfoncer sa lame dans le cœur sombre de cet homme lorsque Toron premier du nom fut face à lui dans la vallée surplombée par la ville sombre, entourés par les mages rouges, les nains et les forces de Marodia ?
Personne ne lui avait raconté cette bataille et ce moment, mais il semblait parfois que des souvenirs qui ne lui appartenaient pas s’immisçaient  dans son esprit.

Lirel Toron s'écarta finalement de l'autel, il ne savait pas combien de temps il était resté ainsi, perdu intérieurement. Il s'étala sur le lit comme il était et s'endormit.

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Toron

Toron
Admin

Le Duc fut réveillé par les rayons du soleil levant qui filtraient à travers la fenêtre de la chambre. Comme d'habitude il ne se sentait pas reposé d'avoir dormi et ne prit pas la peine de s'attarder dans la chambre. Des odeurs tentantes provenaient de la petite cuisine de la maison, Adeïl devait être déjà au travail, la jeune cuisinière s'efforçait de faire tout son possible chaque matin en cuisine, sachant pertinemment que Toron ne mangeait jamais rien le matin, d'autant plus qu'il n'avait pas de temps à perdre en ce Primidi, c'était le jour de revue de la Garde de Sharagon. Il ne signala pas sa présence, sinon la cuisinière aurait fait tout son possible pour tenter de lui faire avaler quelque chose. Il croisa Idian dans la salle de réception du rez-de-chaussé, ce vieux servant avait bientôt une cinquantaine d'années et semblait toujours dans une forme remarquable pour son âge, c'était un ancien Rakatas que Toron avait engagé au manoir familial sous la seconde République. Ses cheveux blancs et sa vivacité l'avaient convaincu à l'époque. Le vieux salua Lirel en s'inclinant légèrement – autant que le lui permettait son dos sans être douloureux.

Au-dehors cinq cavaliers de la Garde de Sharagon l'attendaient. Tous les matins cinq autres gardes venaient et l'accompagnaient toute la journée. Mais ceux-ci étaient à chevaux et sans doutes avaient-ils jugés judicieux d'amener Tempête avec eux. Toron avait été très clair pourtant... Nul ne devait approcher ce cheval hormis lui-même et les palefreniers, il cacha son irritation en montant en selle.

- Puissent les Étoiles nous être favorables aujourd'hui. Allons-y.

Lirel prit le devant du petit groupe de cavaliers et malgré l'affluence dans les rues les gens s'écartaient rapidement devant une troupe de gardes sharagonais, et encore plus rapidement si certains d'entre eux reconnaissaient le Duc à leur tête. Ils traversèrent la ville jusqu'au nord, puis dévièrent à l'Ouest et enfin passèrent la muraille encore en construction. C'est là, dans cette ancienne forêt ayant largement contribué à la construction de Sharagon et désormais devenue une plaine que la Garde Sharagonaise effectuait ses manœuvres du Primidi. Les six cavaliers contournèrent rapidement le gros des troupes afin de rejoindre le Général Adien qui un peu à l'écart du haut de son hongre observait la formation en rangs de ses troupes. Toron n'avait jamais apprécié le Général Adien sous la République, et il avait été le premier étonné lorsqu'il avait été le premier soldat marodian à le suivre. C'est aussi lui qui avait préconisé de faire taire l'Assemblée par la force. Mais un bain de sang ne valait pas un Palais Présidentiel. Depuis la chute de la République Adien suivait ses ordres sans broncher -depuis déjà deux ans. Il avait été rapidement promu Premier Général de la Garde. C'était un vétéran de toutes les guerres contre l'Empire Rakatas et il approchait de la quarantaine comme tous les officiers de sa génération c'était un homme qui connaissait très bien les valeurs militaires de l'ancien continent.
À leur approche le Général descendit de cheval, Lirel l'imita lorsqu'il arriva à sa hauteur.

- Bonjour Général, belle journée pour vos manœuvres n'est-ce pas ?

Le ciel était dégagé et aucun nuage ne semblait vouloir assombrir le tableau.

- Bonjour Seigneur. Belle journée, espérons que le vent ne tourne pas. Je ne veux pas vous presser, mais avez-vous réfléchi à ma proposition ?

Le Général avait en effet proposé plusieurs mois auparavant la main de sa fille aînée au Duc. Tous les Primidi la même question revenait. Afin de convaincre Lirel le Général avait fait beaucoup, il l'avait invité à la table de sa famille afin qu'il puisse la connaître alors même qu'elle ne se doutait de rien, il avait même fait venir sa fille aînée avec lui à des manœuvres lors d'un Primidi précédent. Urille était une femme aimable sans aucun doute, très belle aussi et elle avait de surcroît son âge mais le Duc avait toujours hésité à accepter la proposition, il ne ressentait pas d'amour pour elle, il y avait toujours une grande distance entre eux dus aux circonstances. Il n'avait aucune envie de se marier, mais il le faudrait bien un jour même si à son avis le plus tard serait le mieux. De l'autre côté il était conscient d'insulter son Premier Général en refusant de prendre une décision. Il n'avait de toute façon pas réellement le choix, il ne voudrait sans doute pas d'une autre femme, et il perdrait son Général s'il refusait ou continuait de le faire patienter trop longtemps.

- J'ai fini par faire mon choix Adien .

L'étonnement se peignit sur les traits du vétéran, depuis cinq mois il posait cette question tous les Primidis et il était si habitué désormais que le Duc lui dise qu'il lui fallait encore du temps pour y réfléchir qu'il n'y croyait pas. Mais il se ressaisit rapidement et Lirel feignit de n'avoir rien vu.

- Et quel est votre choix mon Duc ?

- J'épouserai votre fille.

Une lueur de satisfaction apparut dans les yeux du Général.

- Je ne suis pas mécontent d'avoir attendu mon Duc. Je lui annoncerai la chose dès ce soir et j'organiserai ce mariage si les Étoiles le veulent.

La coutume marodianne voulait que ce soit le père de la mariée qui organise la cérémonie du mariage. Mariage qui pour être célébré sous l'égide des étoiles devait se dérouler lors d'un soir de pleine lune et de préférence lorsque le ciel était dégagé et étoilé.

- J'en suis impatient Général, je suis certain que ce sera une cérémonie mémorable. Puis-je néanmoins vous demander une faveur ?

- Laquelle mon Seigneur ?

- Me permettre de revoir votre fille avant le mariage.

Adien ne put qu'approuver avec un petit sourire aux lèvres.
Lirel avait été tenté d'ajouter «afin de savoir ce qu'elle en pense», mais il ne souhaiter pas passer pour un idiot auprès du Général. Urille ne pourrait de toute façon pas désapprouver leur union.

- Resterez-vous pendant toutes les manœuvres de la matinée mon Seigneur ? Les hommes ont besoin de voir leur figure d'autorité, n'oubliez pas votre grand-père.

Si la première phrase avait été prononcée parfaitement à la façon dont un Général s'adresse à son Duc la seconde était plus proche d'un conseil paternel.

- Je pense que je resterai toute la journée Général.

Les deux hommes remontèrent sur leurs chevaux, les cinq cent hommes de la Garde qui participait aux manœuvres de ce Primidi avaient formé leurs rangs. Un carré de vingt cinq rangs de vingt hommes avait prit place dans la plaine, il semblait à première vue si compact, avec ses piquiers et autres lanciers que personne n'aurait parié sur une charge de cavalerie face à lui. C'était un idée d'Adien que d'augmenter le nombre de piquiers et de lanciers dans la Garde. Alors que la plupart des armées des autres nations ne juraient plus que par leur cavalerie, Sharagon préférait miser aussi en partie sur l'infanterie plus spécialisée. Lirel était convaincu que c'était une bonne chose.

Le soir même, la Maison Satel de Sharagon était au complet à l'heure du repas. Toute la famille du Général Adien était assise à table, sa femme Amille, ses deux fils et enfin ses trois filles dont Urille l'aînée de tous.
Avant que les serviteurs de la famille n'apportent la nourriture, Adien prit la parole :

- Avant de débuter le repas, je souhaite annoncer une grande nouvelle pour notre famille, les Étoiles m'en soient témoins.

Il capta aussitôt l'attention de tout le monde.

- Le Duc Toron nous fait un grand honneur aujourd'hui.

Il jeta un regard vers sa fille aînée et celle-ci comprit. Ses yeux pétillèrent. En vérité elle n'avait jamais rien su de son projet de la marier au Duc, mais lorsqu'elle avait pu faire sa connaissance lors des repas elle avait demandé à son père qu'il fasse son possible pour la marier à Toron. Il avait alors répondu que ce n'était pas si simple.
Le chef de famille reprit la parole :
- Nous avons convenus d'un mariage entre nos deux maisons. Ainsi, Toron Chef de la Maison des Toringiens épousera Urille ma fille.

La mère de la jeune fille renifla, elle n'avait jamais appréciée le Duc et hormis en sa présence elle ne s'en cachait jamais, il devait depuis le temps en avoir eu vent tant elle aimait le crier sur les toits.
Urille n'osait plus faire un geste, elle hésitait entre acquiescer comme doit le faire la femme promise à un homme dans ce cas d'annonce et courir sauter dans les bras de son père pour le remercier. C'est finalement avec une voix émue par l'émotion et hésitante qu'elle bredouilla :
- Merci... Père. Je ne sais comment... vous exprimer toute ma... gratitude.
- Ma fille, le Duc a émis le souhait de te revoir avant la cérémonie qui aura lieu dans deux semaines à la pleine lune, dans vingt jours, tu seras mariée. Je suis certain que tu feras honneur à notre maison.

Un second reniflement, plus bruyant cette fois, fut émit par sa mère mais Urille poursuivit :
- Oui Père.

Adien se rassit et enfin les serviteurs de la maison commencèrent à apporter les plats. La question du mariage ne fut plus abordée pendant le repas mais la jeune fille buvait les paroles de son père qui racontait sa journée de manœuvres du Primidi en compagnie du Duc.

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Toron

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Une semaine et demi passa avant que les deux futurs mariés ne se revoient avant leur mariage comme convenu. C'était à peine six jours avant la cérémonie que le rendez-vous avait été fixé. Après l'annonce publique du mariage le bruit s'était répandu et beaucoup de discussions dans la cité ne tournaient plus qu'autour des deux jeunes gens, raison pour laquelle Adien avait cherché longuement un lieu propice au rendez-vous, loin des regards. C'est finalement dans la citadelle militaire nouvellement construite mais encore non-occupée par ses soldats qu'ils se retrouvèrent.

Lirel se sentait à la fois tendu et très joyeux. Très joyeux de revoir Urille, mais tendu à cause de la même raison. Et si elle ne voulait pas de ce mariage ? Il n'eut pas à ressasser longuement cette question sur le trajet jusqu'à la citadelle, celle-ci était placée à moins de deux cents mètres de sa maison. Le duc fit le trajet à pied, sans gardes, le capuchon qu'il avait mit sur la tête suffisait à ne pas le faire reconnaître. Deux gardes aux armures polies et à l'uniforme jaune ambre étaient placée à l'entrée Est de la citadelle, ils reconnurent Toron lorsqu'il abaissa son capuchon. Ils s'inclinèrent sur son passage et l'un d'eux l'arrêta en saisissant son bras droit puis lui chuchota à l'oreille :
- Elle est déjà là, Seigneur.
Il continua son chemin, l'entrée débouchait sur une petite cour totalement pavée, deux escaliers menaient aux remparts, deux portes menaient elles vers le reste de la citadelle. C'était une idée de son frère de construire ce bâtiment ici en plein centre-ville, selon lui la citadelle pourrait accueillir la population et les soldats si les murailles venaient à faillir et que l'ennemi arrivait à passer en ville. Toron avait rétorqué que tout ennemi se briserait sur les murailles de la ville et que la défaite n'était pas une option, mais il savait au fond que Jacinto avait eu une bonne idée.
Le Duc ne put louper longtemps Urille, la jeune femme était rayonnante, elle avait revêtu une robe d'un vert émeraude magnifique. C'est en s'approchant que Lirel aperçut aussi les pierres précieuses qui étaient maintenus dans ses longs cheveux blonds par un simple fil. Les yeux bleus de la jeune fille étaient allumés d'une lueur qu'il n'avait jusqu'ici jamais remarqué. C'est elle qui vint la première face à lui :
- Bonjour Lirel, je vous attendais avec impatience.
Le ton était sincère.
- Bonjour Urille. J'imagine que je cause bien des soucis à votre père avec mes exigences. Il a du se séparer de deux de ses hommes les plus fidèles pour ce Quatridi.
- Deux ? Il y en a deux à chaque entrée et à chaque porte. Vous n'avez pas vu les autres Lirel !
Elle avait dit la dernière phrase d'un ton moqueur ce qui mit plus à l'aise le Duc, il lui sourit.
- Allons faire un tour au lieu de rester ici, peut-être qu'ainsi j'aurai l'occasion de voir tous les hommes que votre père a placé.
Pour souligner ses propos il prit la main de la jeune femme, elle ne répondit pas et se contenta de le suivre. Ils commencèrent par monter aux remparts grâce aux larges escaliers de pierres. Depuis cette hauteur une bonne partie de la ville leur était visible, le rempart n'était pas très haut, mais la citadelle avait été bâtie sur une colline naturelle. Toron admira un moment le fruit des travaux de tout un peuple en moins de deux années avant de reporter son attention sur la jeune femme :
- Je voulais vous poser une question.
- Laquelle ?
- Que pensez-vous de ce mariage ?

Elle ne répondit pas, semblant chercher ses mots tout en le sondant de ses yeux d'un bleu profond qui semblaient soudain le percer jusqu'au cœur. Elle se rapprocha lentement de lui, leurs visages étaient prêt à se toucher lorsqu'elle déclara :
- Je vous aime.
Elle l'embrassa, Lirel se dégagea après quelques secondes, il rougissait, conscient qu'ils avaient enfreint une règle, même si il voulait tout autant qu'elle la transgresser à ce moment précis :
- Nous ne devo...
Elle continua et il n'opposa plus de résistance. Cela ne dura que quelques instants puis elle se blottit contre lui.
- Ce mariage est la chose que je souhaite actuellement le plus au monde.

Le Duc se sentait différent après cela. Il ne savait pas ce qui avait changé en lui, mais il y avait eu quelque part une rupture.

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Toron

Toron
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Le lendemain du rendez-vous avec Urille le Duc fut réveillé avant le levé du jour. Il se sentit secoué puis finit par ouvrir les yeux, Adeïl tentait de le réveiller. La jeune cuisinière était visiblement gênée de devoir le réveiller mais personne n'arrivait plus tôt qu'elle, hormis les gardes ducaux qui veillaient toutes la nuit mais qui ne s'occupaient pas des affaires de la maison. Alors que Lirel commençait à émerger du sommeil elle déclara :
- Seigneur ? Un messager du Conseil de Tricomin est arrivé pendant la nuit, cela fait des heures qu'il veut vous voir. Il dit avoir été envoyé par Lode Var' et ne souhaite remettre son message à personne d'autre que vous, le Général Adien a fini par nous l'envoyer. Je l'ai installé dans la salle de réception.
- Très bien Adeïl... Laissez moi quelques minutes, j'arrive.
Une fois la jeune femme sortie en ayant refermé la porte derrière elle le duc se leva et enfila rapidement les premiers vêtements qu'il trouva. Il se passa de l'eau sur le visage afin d'avoir l'air plus éveillé et descendit. Lorsqu'il arriva dans la petite salle de réception l'homme était déjà assis devant la table, son heaume posé sur sa droite et un pli devant lui. Le messager leva les yeux à l'entrée du Duc et se leva, il s'inclina légèrement avant de dire :
- Bonjour Seigneur. Excusez-moi de vous déranger si tard... Ou si tôt. Mais j'ai un message très important envoyé par le Conseiller Lode Var' que j'ai eu ordre de ne remettre qu'à vous.
- Je comprends, j'imagine que son contenu doit être d'une certaine importance.
L'homme tendit la lettre à Lirel. Ce dernier brisa le sceau en cire du Conseil de Tricomin avant de lire :

« Salutations Duc Toron de Sharagon,
Nous espérons que vous ne nous tiendrez pas rigueur de la brièveté de cette missive et la hâte avec laquelle nous l'avons écrite mais nous avons jugé plus important de vous contacter au plus vite que de perdre des jours entiers afin de décider de la meilleure façon de tourner les mots pour vous convaincre. Nous sommes certains que vous comprendrez ce besoin.
Un groupe de barbares s'est installé depuis plusieurs mois au nord de Tricomin afin de se consacrer à ce que nous pensons être la levée d'une armée et l'érection d'une place forte. C'est une armée barbare, désorganisée, mais nombreuse et elle croit en son chef, un certain Seup Ip'. De surcroît leur place forte dont la construction est presque achevée est située à seulement six lieux de Brastisqueur et dix de notre capitale. La question que vous pose le Conseil de Tricomin est donc la suivante :
Le Duché honorera t-il son alliance si cette armée barbare venait à déferler sur nos terres ?

Lode Var', Conseiller de Tricomin »


Le Duc ne prit pas la peine de formuler une réponse écrite, mentionner leur absence de réflexion sur le contenu de la lettre était une insulte à son encontre même s'il comprenait ce besoin de rapidité, le mentionner n'était pas nécessaire.
- Répondez au Conseil que ma réponse est positive.
Le messager foudroya du regard Lirel, ce n'était pas un idiot, probablement même un gradé de l'armée de Tricomin pour se voir affecter le transport d'un tel message, et il comprenait les implications et le manque respect d'une réponse sans écrit mais il n'en fit rien paraître en prenant la parole :
- Vos paroles seront rapportées au Conseiller, Seigneur. Je dois vous quitter immédiatement pour apporter celles-ci à Scarpe'Tim. Puissent les Étoiles vous être favorables.
Il s'inclina légèrement, prit son heaume sous le bras et s'en alla d'un pas régulier, militaire, sans se retourner. Lirel déchira la missive de Lode Var' en plusieurs dizaines de morceaux avant de la jeter dans l'âtre vide de la salle de réception. Le déranger à une telle heure, lui manquer de respect directement dans une missive visant de surcroît à lui demander s'il honorera son alliance. Cela faisait beaucoup. Il honorerait son alliance parce qu'elle avait été conclue depuis la fondation du Duché mais lorsqu'il se retrouverait en face d'un des membres du Conseil...
Lirel s'approcha d'une fenêtre, au-dehors Sharagon dormait encore, il aperçut une patrouille de la Garde passer dans une rue proche, les armures jaunes ambre reflétant fortement la lumière. La nuit, une période où les hommes devaient dormir, et c'est ce qu'il comptait finir. Le Duc sortit de la salle de réception, c'est en arrivant dans le couloir central, froid et mal éclairé qu'il entendit quelqu'un fredonner. Adeïl s'affairait déjà dans sa cuisine. S'approchant il s'aperçut que la porte était grande ouverte et entra, la jeune cuisinière lui adressa un sourire, les bras chargés d'un cageot de petites bûches qu'elle apportait près du four. Lirel lui dit :
- J'en ai fini avec ce messager. Je remonte Adeïl.
Elle s'inclina légèrement et répondit :
- Bien Seigneur.
Il fit quelques pas vers la porte avant que la jeune femme ne reprenne d'une voix hésitante :
- Les rumeurs disent que vous allez vous marier Seigneur, mais je ne vois pas de femme à vos côtés, est-ce bien vrai ?
Lirel rit.

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Toron

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Le mariage eut lieu quelques temps après dans le cercle restreint des deux familles, la maison Toron pour sa part ne comptait que très peu de membres, et tous ne furent pas présents. Jacinto, le frère du Lirel fit acte de présence de même que Jérémy, frère le plus jeune et surtout le plus solitaire de la fratrie. Pour finir Risa, sœur aînée du groupe ne fut pas présente, Lirel ne prit pas la peine de lui envoyer une lettre qu'elle ne lirait pas. Celle qui était devenue la femme de l'Empereur de Keiron, un certain Goste Cham qui régnait sur son Empire insulaire depuis une île lointaine, il savait qu'elle ne répondrait pas. Lirel avait fortement désapprouvé ce mariage sous la République, et l'avait fait comprendre. La sœur s'était depuis totalement éloignée de sa famille et n'avait gardé aucun contact. Tandis qu'il observait la mer au sud de Sharagon depuis le balcon du manoir familial de Nouvel Ecensor des bruits de pas s'approchèrent. Urille passa deux bras doux autour de son torse et lui souffla à l'oreille :

- Cesse de penser mon Chevalier. Accompagne moi plutôt dans les jardins de ton frère.

Les deux nouveaux mariés avaient quitté la maison de Lirel à Sharagon, leur donnant la possibilité de prendre du recul avec leurs familles mais aussi et surtout pour Lirel avec les affaires politiques. Il avait dû malgré lui reléguer toutes les affaires courantes à ses conseillers. Même s'il avait confiance en eux, il n'aimait pas se tenir éloigné des décisions. Le jeune couple s'était installé dans les appartements sud du manoir familial afin de profiter au mieux des derniers rayons de soleil de ce long mois d'automne. Ces appartements ne cessaient néanmoins jamais de lui rappeler sa sœur et chaque chose en eux lui faisaient repenser à elle. De certains cadres aux motifs incompréhensibles que nul autre quelle ne pouvait apprécié jusqu'aux livres de poésie de sa bibliothèque. Ces derniers avaient d'ailleurs beaucoup plus à Urille. Même si le domaine familial n'était pas partie de Sharagon, le Roi Eckwan ne leur en avait pas retiré la propriété, mais tout ici le rendait nostalgique. Le manoir avait été construit avant même la République, alors que la famille tentait de réunir le peu d'argent que tous ses membres possédaient pour payer la main-d'œuvre qui y travaillait. Le palais que son frère Jacinto avait fait bâtir juste en face, de l'autre côté du lac qui bordait au nord le manoir témoignait d'un temps postérieur à la construction du manoir, alors que les pièces d'or ne semblaient jamais pouvoir se tarir dans les coffres de la maison. Mettant fin au déluge de souvenirs qui menaçait de l'éloigner de l'instant présent il parvint à répondre en prenant une de ses mains dans la sienne :

- Tu as raison. Allons-y. Je pourrai enfin t'expliquer l'histoire des statues qui ornent ces jardins.

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Toron

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Bras-dessus bras-dessous les deux mariés s'en allèrent vers les jardins du palais de Jacinto. Dans les couloirs du manoir ils croisèrent seulement un domestique qui époussetait une bibliothèque. Le nombre de domestiques dans le manoir avait été très réduit depuis que la famille n'y vivait plus, seul le minimum avait été maintenu avec une quarantaine de gardes armés, une faible protection si quiconque souhaitait s'emparer de la bâtisse. Sortant du manoir mais pas de l'enceinte de remparts qui protégeaient le domaine ils longèrent le petit lac pour rejoindre le palais de Jacinto. Le frère de Lirel ne s'y trouvait pas actuellement. Il restait à Sharagon afin de superviser l'avancement des constructions, certains chantiers avaient prit un retard monstrueux selon lui. Lirel et Urille entrèrent dans le palais, ils passèrent devant un garde qui les salua et se retrouvèrent dans les somptueux jardins de Jacinto. Il fallait une dizaine de jardiniers ne travaillant qu'aux jardins pour les entretenir. Il y avait là tant de sortes de fleurs, d'herbes, d'arbustes et autres arbres que toute la richesse de la flore d'Elandora semblait contenu dans ces quelques ares de terre. Dans l'allée principale trônait plusieurs statues. Lirel expliqua :

- Ces statues ont été offertes à mon frère par le Roi Eckwan avant la République. C'était un signe d'amitié. Il faut dire que Jacinto a grandement participé dans la construction de cette cité, à croire que lui et Théodon se livraient une bataille architecturale. Le chef du clan des Areksar, ce descendant du nain du même nom a été à la hauteur de la légende de son ancêtre... Il a tant fait construire ici aussi. J'aimerais moi aussi être à la hauteur de mon grand-père. Mais l'Histoire ne me retiendra pas à sa hauteur.

Urille se rapprocha de lui, elle détestait quand il se lamentait. Il menait une nation d'hommes et de femmes qui étaient presque tous dévoués à lui et il s'inquiétait de ce que l'Histoire, avec un grand "h" s'il vous plaît, retiendrait de lui. Elle lui répondit d'un ton sérieux :

- Ton grand-père serait fier de toi Lirel. N'as-tu pas mené tant de batailles où tu as prouvé ta valeur ? Et tu n'as même pas encore la trentaine, ton grand-père menait encore des hommes à plus de cinquante ans, le prestige qu'il a acquis est le fruit de plusieurs décennies au service de Marodia.

- Mais combien d'hommes vivent jusqu'à son âge ? Ils sont bien peu nombreux. La mort est partout. Tant de fois il aurait pu mourir, contre Matimat et Sinnik aurait pu le tuer également, sans compter les hordes de trolls qu'il a combattu. Pourrai-je en faire autant ?

Les idées sombres de son jeune mari effrayaient parfois Urille d'autant plus qu'il en parlait sans ciller, comme s'il avait accepté cet état de fait. Elle savait que son rôle était désormais de le rassurer mais elle même n'était plus toujours convaincus de ses paroles rassurantes, comme si le cynisme du Duc semblait contagieux d'une certaine façon.

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Toron

Toron
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Plusieurs jours passèrent, et le Duc retrouva une certaine bonne humeur. Mais celle-ci fut de très courte durée. D'abord une missive annonçant le coup d'état de Timon contre le Conseil de Trykomine lui parvint. Celui-ci s'était apparemment proclamé "Leader" de la "République Populaire" avec l'approbation du Conseil dont les membres avaient eu le couteau sous la gorge au moment du vote bien évidemment. Mais s'il n'y avait eu que cela... La seconde missive provenant du médecin personnel de la famille ducale affecta Lirel plus que toute autre nouvelle. Jacinto était gravement malade. Une fièvre typhoïde selon les médecins, qui lui apprenaient au même moment que la maladie semblait gagner une partie de Sharagon en lui conseillant de rester à l'écart afin de ne pas être affecté. Comme Urille entrait dans la pièce, Lirel déchirait la lettre des médecins en petits morceaux qu'il jeta dans l'âtre de la chambre. Prenant appui sur la cheminée il déclara à sa femme :
- Jacinto est malade. Tout Sharagon souffre de la fièvre typhoïde. Je dois y retourner !

***

Une heure plus tard le Duc montait sur Tempête dans la cour du manoir. Quatre cavaliers l'entouraient. Lirel adressa un signe de la main à Urille qui observait depuis le balcon des appartements de Risa.
- Yaaaah !
La formation de cavaliers s'ébroua. Le Duc et un cavalier qui portait bien haut la bannière de la maison Toron ouvraient la marche, et derrière eux suivaient les trois autres soldats. Le groupe prit la route la plus rapide, ils passèrent tout d'abord devant le port de Nouvel-Ecensor qui fourmillait de monde. Les navires chargeaient et déchargeaient marchandises en tout genre : bijoux, bois précieux, bétail, nourriture, charbon... Le cœur du Duc se pinça lorsqu'il aperçut que certains navires battaient pavillon sharagonnais. Ils se précipitèrent ensuite vers le nord de Nouvel-Ecensor avant de prendre droit à l'Ouest juste avant d'atteindre le Monastère des Étoiles qui vivotait désormais.

***

Les cavaliers avaient galopé comme le vent pendant toute la journée, ils atteignirent la porte Est de Sharagon au coucher de soleil. La bannière de la maison Toron fut aperçue de loin et l'uniforme jaune des soldats sharagonnais ne trompait pas.

- Le Duc vient !
- Ouvrez les portes !

Les gardes avaient déjà fermé les portes pour la nuit, mais le mécanisme s'enclencha à nouveau et les hommes poussèrent. Les portes de bronze s'ouvraient lorsque le Duc et son escorte les atteignaient. Ils s'engouffrèrent dans la cité comme des flèches. Les rares piétons qui osaient s'aventurer dans les rues alors que l'épidémie sévissait s'écartèrent sur leur passage. Le spectacle qui s'offrit aux yeux du Duc dans les rues était pitoyable, dans certains coins de rue s'entassaient plusieurs hommes et femmes, prostrés dans leur douleur, d'autres délirants avec parfois un prêtre des Étoiles auprès d'eux, qui disait une prière à haute voix.Lirel ne ralentit néanmoins pas l'allure avant d'avoir atteint les écuries du canal. La missive l'avait informé que Jacinto avait été transféré sous bonne garde dans la citadelle afin d'être le moins en contact avec de possibles malades et de garantir sa sécurité.

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Lirel descendit de son cheval arrivé à la porte de la cour inférieure de la citadelle. Tempête haletait bruyamment, le Duc lui flatta l'encolure avant de le laisser entre d'autres mains. L'animal n'avait pas été ménagé. Le Duc entra dans la cour inférieure, la citadelle avait du être prévenue de son arrivée par les communications à la torche que faisaient entre elles les nombreuses tour de la ville, encore une idée ingénieuse de son frère... Il entra devant une haie d'honneur d'une vingtaine de piquiers. Lirel ne mâcha pas ses mots lorsqu'il aperçu la petite délégation qui l'attendait composée de quelques médecins mais aussi de Adien le Premier Général de Sharagon, la tristesse le rendait plus enclin à la colère :
- Adien ! Cessez de jouer à l'imbécile avec vos soldats. Il y a plus important à faire.
Le Duc fit un geste de la main qui dispersa la haie d'honneur. Si le Premier Général avait été étonné du comportement de son gendre dès son arrivée, il ne le montra pas.
- Où sont vos hommes dans les rues de notre ville ? Pourquoi des hommes, des femmes et des enfants sont laissés mourant à même les pavés ? Où est mon frère ?!
Adien ignora les deux premières questions et répondit uniquement à la dernière, certain que le Duc serait plus préoccupé par l'état de santé de son frère :
- Suivez-moi, nous l'avons installé dans une chambre.
Lirel lui emboîta le pas sans piper mot. Après être passés dans une série de couloirs et d'escaliers tous plus étroits les uns que les autres ils parvinrent à une chambre à l'ameublement spartiate. Pas une de celles qu'aurait choisi Jacinto. Un corps fébrile gisait sur un lit, c'était lui. Sous l'effet de la fièvre qui l'assommait il tirait une langue blanchâtre. Son visage reflétait un état de stupeur et il ne remarqua même pas les arrivants. Lirel s'approcha et lui palpa le front de la main gauche, on aurait pu y cuire un œuf. Le malade fixait son frère comme s'il voyait à travers lui. Un médecin prit la parole :
- Votre frère est dans la première phase depuis quatre jours. Il y a encore un espoir, mais s'il entre dans la seconde il sera perdu. Nous serons fixés dans trois jours et avons fait jusqu'ici tout ce que nous pouvions faire pour...
Le Duc le coupa :
- Et la cause ?
- L'eau mon seigneur... Nous faisons désormais garder la source par des hommes en armes et plus aucun nouveau cas n'a été recensé.

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- Je vois...
Lirel prit entre ses mains la main gauche de son frère et adressa une prière muette aux Étoiles en espérant qu'elles lui accordent la guérison. Il se retourna vers Adien et les médecins :
- Cette citadelle possède je crois des quartiers destinés à leur commandant. Conduisez-y moi, nous avons du travail. Je veux des rapports chiffrés sur cette catastrophe avant que le soleil se lève. Et je veux que toute la garde de Sharagon soit prête à recevoir mes ordres au lever du soleil. Magnez-vous !
La dernière phrase avait presque été hurlée. Alors que le groupe de médecins et de conseillers ducaux s'en allait, le Duc retint Adien par la manche :
- J'ai jugé plus sensé de laisser votre fille à Nouvel-Ecensor loin de tout cela. Il...
- Lirel...
Le Premier Général vacilla un instant sur ses jambes et son visage impassible jusque là afficha un chagrin profond :
- Annoncez-lui que sa mère et son frère aînée sont... morts... Je n'en ai pas la force.

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Les semaines qui suivirent furent douloureuses pour tout un peuple. Malgré toutes les précautions la maladie continua à se répandre au début mais le dynamisme du Duc endeuillé fini par améliorer lentement la situation et peut-être était-ce l'énergie du désespoir qui l'animait puisque son frère était toujours souffrant, la prévision des médecins était qu'il mourrai puisqu'il était dans ce qu'ils qualifiaient de seconde phase.

Lirel se tenait sur le chemin de ronde de la citadelle, tout son être témoignait de sa fatigue. À côté de lui Adien regardait vaguement au loin. Ils n'échangeaient aucune parole, comme si tout effort supplémentaire était vain et au-dessus de leurs moyens. Tout autour d'eux les étoiles dans le ciel semblaient se presser au-dessus d'eux comme des parents attentifs. Adien finit par lâcher un long soupir. Lirel ne réagit pas.

En dessous d'eux Sharagon semblait sommeiller profondément pourtant d'un seul coup les tours de la ville s'affolèrent relayant avec des signaux de feu des messages. Adien s'exclama, soudain réveillé :
- Une attaque ! La porte Est.
La citadelle fut rapidement réveillée toute entière et la quasi totalité des gardes Sharagonais furent menés par le premier général et le duc. Seul un petit nombre restait pour défendre la citadelle.

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Les rues étaient désertes, depuis que le Duc était revenu, les malades ne s'entassaient plus à même les rues, agonisant. La Garde Sharagonaise avançait en rangs dans les rues de la ville, adaptant sa formation au gré de la largeur des rues. Lirel menait cinq cent hommes dans l'avenue principale tandis que le premier général en menait cinq cent autres dans les rues plus étroites.

De violents combats se déroulaient toujours à la porte Est, des cris de souffrance d'hommes et les derniers soupirs de certaines créatures fusaient dans la nuit, au milieu des chocs de l'acier rencontrant l'acier, ou les os, ou la chair. Il ne fallut pas longtemps à Lirel pour comprendre en approchant. Les morts-vivants n'étaient donc pas une légende. Des hommes et des femmes totalement pâle la plupart désarmés, certains tenants couteaux ou petites épées se ruaient par centaines dans la ville depuis la porte qui avait été enfoncée de l'extérieur, au milieu de ces morts se tenaient également des squelettes sans la moindre once de chair, il sembla au Duc qu'ils commandaient au reste du groupe même s'il ne put s'en assurer. La petite garde de la tour Est eut un dernier instant de résistance et un sursaut de combativité en apercevant l'arrivée des renforts. Les cris de ralliement de la Garde Sharagonaise était celui de l'ancienne et légendaire Garde d'Ecensor :
- La Garde tient bon ! Ralliez-vous à la Garde ! La Garde tient bon !

Les renforts de la citadelle se jetèrent dans la bataille. Comme l'avait dit un grand stratège militaire dont l'Histoire avait oublié le nom : "Aucune stratégie ne résiste aux premières secondes d'une bataille.". Sans doute était-ce vrai, mais il n'y avait dans cette bataille aucune stratégie. Seulement un déchaînement de violence désordonné. Dès qu'il s'engagea dans la bataille Lirel perdit tout repaire. Tout ne devint qu'un chaos sanglant ou il fallait tuer, tuer, tuer sans se faire tuer. Toute sa tristesse se transforma instantanément en rage. Tranchant, coupant, se retournant, tranchant encore. Il ne sut combien de temps cela dura avant que les cris des hommes autour de lui diminuent, même si certains subsistaient. Un Garde était tombé près de lui, assailli par un des morts et avant que la créature malsaine ne le plante son glaive dans la poitrine il criait encore :
- Pour Sharagon ! Pour le Du...
C'était trop tard, Lirel se défit rapidement de deux autres morts avant d'enfoncer son épée dans le crâne de celui qui l'avait tué. À quatre pattes, il essaya de reprendre l'épée, son épée, impossible. Avisant d'autres créatures qui approchaient, il abandonna et se saisit de la hache à double lame du mort et grava son visage dans son esprit avant de repartir dans le combat. Plusieurs cris de guerres fusèrent dans son dos alors qu'un petit groupe de Garde chargeait l'ennemi. Le Duc hurla :
- Pour Sharagon ! Pour Marodia !
Marodia, il avait oublié un court instant qu'il n'était plus vassal du Royaume. Toujours animé de la même force Lirel continua à avancer dans la mêlée. La hache qu'il faisait tournoyer devant lui lui ouvrait le passage. La bataille s'était déplacée et avait gagné toute la ville, brisant le calme nocturne habituel. Autour de lui Lirel apercevait de plus en plus d'hommes et de jeunes hommes qui se battaient alors qu'ils ne portaient pas l'armure de la Garde. Sans qu'il s'en aperçoive Lirel avait été éloigné de la Porte Est jusqu'au port du Nord. Les quais étaient sans dessus-dessous. Les marchandises gisaient au sol, les sacs de blé marodians, les porcelaines de Jérusalis, les épices du sud lointain... Les marchands eux-même luttaient pour leur vie, les gardes armées des navires avaient rejoint la bataille. Le Duc put entendre à plusieurs reprises des cris de guerre qui lui étaient totalement inconnus :
- Fer, réveille-toi !
- Ses traits sont dans mon cœur !
- C'est aux rayons de mon astre que j'ouvrirai mon cœur !

Le ciel prenait une teinte rosée à l'ouest lorsque le combat qui avait prit pour champ de bataille toute la ville sembla s'estomper. Il ne restait alors plus que quelques poches de combats acharnés dans la ville, partout ailleurs, on ne voyait plus le sol. Il était recouvert de cadavres, d'os nus, d'armes, de divers objets en morceaux, de boucliers... la liste aurait été longue à citer. Ce n'est que lorsqu'il put s'asseoir sur le muret qui entourait l'Académie Militaire que Lirel ressentit enfin la douleur qui lui envahit le corps. Son épaule droite était sanglante, et plusieurs entailles lui barraient la poitrine que plus aucune armure ne protégeait. Les vêtements encore sur lui étaient en lambeaux et tâchés de sang. Il ne savait pas non plus depuis combien de temps il n'avait pas dormi, en plus de la douleur, une extrême fatigue s'empara de lui et surplomba la douleur, tant qu'il s'affala sur le muret, endormi.

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12Sharagon, Capitale du Duché de Sharagon Empty Le Conseiller Économique Jeu 9 Jan - 16:28

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La Guerre Sainte s'était achevée, n'ayant fait que renforcer l'état de délabrement de la ville de Sharagon qui en plus de sortir d'une longue période de souffrance due à la maladie venait d'affronter une guerre pendant laquelle de nombreux hommes de la Garde étaient morts. Les haines entre Trykomine et Marodia avaient été attisées par la guerre et chaque jour on redoutait que l'ennemi ne débarque dans la ville pour piller et brûler au nom du Dieu Vivant Timon. Un jour Timon proclama Lirel Toron ennemi de la nation de Trykomine pour lever ce bannissement le lendemain et en faire le Conseiller Économique de la dictature. Lirel Toron réfléchissait, il savait très bien que cette manœuvre politique cherchait à faire taire les quelques clans familiaux puissants de la République à s'opposer à Timon, d'autant plus que le Conseiller Économique ne jouissait d'aucun pouvoir réel pour assumer sa charge. C'est le cœur bondissant et la raison hésitante que Lirel traversa le pont de l'est, qui reliait les terres alors indépendantes de Théodon à Scarp'Tim. Deux hommes d'armes seulement accompagnaient Lirel, deux des meilleurs Gardes sharagonnais. Le pont fut rapidement traversé par les trois cavaliers qui furent saisis par l'aspect rudimentaire de la ville, nombre de construction étaient bâties en bois et l'agencement des rues et des places ne semblait correspondre à aucune règle urbaine digne de ce nom. Selon les informations Timon l'attendrait avec sa garde personnelle sur la place principale de Scarp'Tim. Il fallut tout le courage et la persévérance des trois marodians afin de parvenir sur la place dont le pavement représentait un symbole païen sans doute destiné au culte de Timon. Il était là, le leader comme il se faisait appeler était certes légèrement plus grand que la moyenne des hommes, mais il n'avait rien d'exceptionnel, rien en tout cas qui prouve son immortalité si renommée dans ces contrées du sud. Autour de lui pas moins de cinquante hommes faisaient le service de sécurité plus qu'une réelle garde, ils se contentaient de repousser les badauds qui tentaient d'atteindre leur Dieu. Lirel trouva la scène pitoyable. Arrivés à proximité du leader ils descendirent de cheval mais ne s'inclinèrent pas, c'est un simple signe de la main que le Duc accorda à Timon. De plus près le visage du dictateur semblait refléter une personnalité instable, ce qui ne rassura pas le Duc :
- Vous êtes donc venu... C'est bien... très bien.
Timon ponctuait ses phrases par de longs moments de flottement qui lui donnaient l'impression de n'être pas totalement présent.
- Je suis venu, parce que vous avez demandé mon aide, et je ne refuse pas mon aide à d'autres marodians, quelques soient les titres dont ils se targuent et leur religion.
Timon sembla hocher la tête et ne releva pas les insinuations, il se contenta de désigner un homme mal rasé à sa gauche en le présentant :
- Voici Nab'Ouh... maire de cette ville, il est en quelque sorte votre équivalent dans notre hiérarchie Toron... C'est avec lui que vous aurez à faire pour le moment j'ai... d'autres choses qui requièrent mon attention.
Son discours ne divaguait pas, mais ses yeux semblaient voir des choses qu'il était le seul à pouvoir distinguer, et le leader s'en fut sans un mot de plus, piètre entrée en matière pensa le Duc. Laisser un Duc aux "ordres" du maire mal rasé d'une ville pitoyable semblait inconcevable, et si Nab'Ouh le dérangeait il n'hésiterait pas à retrousser chemin. Il leur avait fallut trois jours pour faire le voyage jusque là et trois autres pouvaient le ramener jusqu'à chez eux aussi rapidement. Nab'Ouh commença par observer de haut les trois marodians et Lirel pensa que c'était un très mauvais départ...

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