[ÂMES SENSIBLES S'ABSTENIR]
Aussi rapidemment les épées commencèrent à s'agiter en tout sens.
Toron fit virer son épée à la vertical devant lui et l'araignée qui lui descendait dessus fut transpercée.
-La Garde d'Ecensor tient! Ralliez-vous à la Garde d'Ecensor.
Tels étaient les cris de ralliement de la Garde depuis la première nuit de combat contre les forces de l'ombre.
Plusieurs soldats furent jettés à bas de cheval par une araignée trop encombrante, ou une flèche planté dans leurs flancs.
La première araignée embrochée gisant sur le sol, Toron fit revint en arrière et coupa d'un geste brusque trois pattes de l'araignée contre laquelle se débattait Galny, à mains nus, n'arrivant pas à saisir son épée, il n'avait aucune chance et un de ses bras se débattait entre les mandibules de l'araignée.
-La Garde d'Ecensor tient!
D'autres hommes tombaient, des chevaux s'enfuyaient jusqu'à ce que seul des hommes à pied subsistent, plusieurs tas d'araignées gisaient aux quatre coins du sentier alors que les gardes enchainaient encore leurs figures à l'épée.
L'eau-glisse-sur-le-roc laisse la place à le-marteau-du-forgeron qui lui même laisse son tour au vent-qui-emporte-la-feuille et Toron planta le tranchant de son épée entre les yeux d'une araignée avant de passer à une autre.
-La Garde tient, la Garde tient! Ralliez-vous à la Garde!
Bwen prit le grand couteau qu'il portait à la ceinture et tenta, tant bien que mal de se relever malgré la douleur qui lui semblait broyer son côté gauche. Le grand couteau finit par se retrouver planter dans l'abdomen d'une araignée avant que Bwen retrouve une épée au sol.
-Ralliez-vous à la Garde, la Garde tient bon!
Le nombre d'hommes diminuait, et plus il diminuait plus les cris de guerre résonnaient fort.
Se servant de son épée comme d'une masse en frappant contre le squelette qui se présentait, Toron fit s'écrouler le tas d'os, il s'appuya contre un arbre afin de ne pas tomber à la renverse.
Tout semblait à nouveau calme, si l'on exceptait les cris agonisants de certains hommes et de certaines créatures allant en diminuant et les battements de son coeur que Toron entendaient nettement dans ses tempes.
Le combat avait semblé durer à la fois une minute et un siècle, mais ce qui était certain, c'est que le soleil commençait à disparaître à l'horizon.
Il ne serait pas présent à la cérémonie de couronnement, même s'il se dépêchait maintenant de regagner la ville en courant. Ses propres vêtements étaient en lambeaux, déchirés et en plusieurs endroits des plaies se voyaient nettement.
-Gloire à la Garde d'Ecensor! cria t-il.
La phrase fut reprise à ce qui lui semblait par 7 ou 8 hommes mais lorsque le dernier eut terminé, ils crièrent tous ensembles:
-HOOOOOOUUUUURRRRAAAAAAAAAA!!!
Bwen s'approcha péniblement du Duc:
-Seigneur, que fait-on des blessés? Nous ne pouvons envoyer personne chercher de l'aide à Ecensor à pied, et même nous tous ensemble nous ne pourrons ramener tout le monde.
-Je n'ai jamais abandonné un blessé au combat, répondit Toron en fixant la flèche planté dans la cuisse du jeune Garde, faîtes des cordes avec vos vêtements, si cela est encore possible vu l'état, utiliser vos ceintures, mais je veux ramener tous les hommes que nous pourrons soigner à Ecensor, peut m'importe le temps que cela prendra et si nous devons nous-même mourir pour l'accomplir.
Bwen ouvrit de grands yeux.
-Au boulot! Fit le Duc.
Bwen recula et commença à se pencher sur les corps de ses camarades, les autres survivants firent de même, ayant clairement entendu les ordres.
Le premier qu'il vit fut Galny, un de ses oeil avait disparu de son orbite, son visage n'était plus que lambeaux sanglants, il n'était pas nécessaire de vérifier son poul pour conclure qu'il avait quitté ce monde depuis plusieurs moments.
Finalement quatre blessés furent rassemblés au pied d'un grand chêne là ou le sol était le moins saccagé.
Un homme finit par s'approcher de Toron:
-Mon Duc, Falgny ne passera pas la nuit même si nous l'emmenons à Ecensor, et il souffre énormement, il est conscient (!). Je propose que...
-Abrégez ces souffrances, si vous étiez son plus proche ami dans ce groupe, il vous revient le devoir de l'accomplir, répondit Toron. Son visage paraissait aussi ému qu'une pierre, et pourtant au fond il pleurait en lui chaque homme perdu, chaque vie gachée.
Le dénommé Falgny fut finalement apporté à l'écart, et une fois qu'un semblant de rituel eut été accompli la lame de l'épée de son camarade lui transperça le coeur.
Après un temps de préparation pour les trois derniers blessés transportables et soignables pour aller à Ecensor furent portés, deux hommes pour un blessé, portés sur des espèces de draps et parfois simplement de cordes faîtes de vêtements déchirés et de chausses, les hommes commencèrent leur chemin.
Les corps restant sur le sentier seraient récupérés et entérrés le lendemain, pour le moment ce n'était plus leur principal problème...