[HRP :] Je préviens, ce post est très long. [/HRP]
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Le soleil s'était depuis un moment déjà caché derrière l'horizon. Ne restait plus que la lueur des torches pour éclairer le chemin des habitants de la capitale Marodianne, pour la plupart endormis.
Depuis la Citadelle de Gamabal, les Défenseurs effectuant leur tour de garde observaient -l'oeil vigilant- les alentours du château et de la cité s'étalant au pied de la montagne.
Dans la pénombre ambiante il était difficile de discerner les silhouettes, et les Défenseurs avaient conscience que bien qu'ils formaient l'élite du Royaume cela ne faisait pas d'eux des nyctalopes, et n'importe qui avec un semblant de discrétion pouvait passer inaperçu.
Près de la porte de la tour Nord-Est, deux Défenseurs d'Argent scrutaient en silence le paysage s'étendant au Nord. L'un d'eux fixa un instant l'ancien fort de la Guilde des Mercenaires. Abandonné et vide depuis que le Seigneur Navari avait quitté les lieux avec ses hommes.
Pourtant, le Défenseur crut un instant voir une silhouette humanoïde se dresser au sommet du fortin. Avant que le garde ne puisse proférer un seul mot, la silhouette noire disparut en un clin d'oeil et les deux soldats se retrouvèrent le casque défoncé et la tête écrasée dans deux mains obscures aux longs doigts.
La silhouette noire grande de presque deux hommes disparut de nouveau et ré-apparut en haut de la tour proche et tua de la même manière les trois Défenseurs s'y trouvant, dont un d'Obsidienne.
Poursuivant ses meurtres, la créature des Ténèbres vida ainsi les murailles et les tours de garde de la Citadelle dans la plus grande des discrétions et dans une rapidité d'exécution sans pareil.
Depuis le grand vitrail Est du Grand Temple des Étoiles, un Défenseur d'Argent observait la ville endormie de Nouvelle-Ecensor avant de rejoindre le vitrail opposé. Lorsqu'il atteint la vitre, la vision des corps gisant des gardes dans leur armure argentée ou sombre sur l'enceinte le frappa de stupeur. Mais l'homme se resaisit rapidement et empoigna le cor qui pendait à son côté pour l'emboucher et en tirer un son grave.
La musique ne put tinter qu'un instant avant que le Défenseur ne s'affale sur la pierre du Grand Temple aux pieds de l'ombre meurtrière.
Cela fut cependant suffisant. Il n'en fallait pas plus pour éveiller la Citadelle et donner l'alerte.
Rapidement des cors sonnèrent dans toute la bâtisse. Les Défenseurs de Gamabal s'activèrent avec vivacité et ordre, s'éveillant pour ceux qui étaient endormis, s'armant, revêtant leur armure.
Dans les profondeurs de Gamabal, le Roy Eckwan sortit de son sommeil et revêtait déjà ses bottes alors que la Reine Alice quitta elle aussi -les cheveux en pagaille- le lit.
Quand Eckwan franchit le seuil de ses appartements, des cohortes de Défenseurs d'Obsidienne se trouvaient déjà dans le couloir, devant sa porte. Pendant qu'un des officiers l'informa du peu de ce qu'il savait, plus haut on entendait les pas des Défenseurs, le son des cors résonner dans la roche.
Personne ne broncha quand les trois Grands Cors de Gamabal retentirent, émettant leur grave musique à travers toute la forteresse, se répercutant dans les parois, les couloirs, les pierres. La montagne elle-même semblait en ébullition, trembler sous les pas de plus de mille hommes et femmes. La masse rocheuse taillée afin de servir de forteresse agissait comme une caisse de résonance géante qui procurait un boucan qui aurait rivalisé avec n'importe quel orage.
C'est dans cette atmosphère pesante et guerrière que la Défense s'organisa. Il fut rapidement établi qu'il y avait dans les murs une créature des Ténèbres, un enderman, comme on les appelait alors. Eckwan fit se diviser en groupe les Défenseurs, et les dispersa à travers toute la Citadelle. Lorsque l'enderman serait trouvé, il ne lui resterait plus longtemps à vivre, si on pouvait admettre qu'une créature des Ténèbres était dotée de vie.
Razal avançait prudemment dans l'un des couloirs de la forteresse, flanqué de deux Défenseurs d'Obsidienne dont une femme. Derrière eux suivaient avec autant de prudence quatre Défenseurs d'Argent. Tous tenaient fermement leur arme et ne proféraient pas un mot.
La traque durait depuis une bonne demi-heure déjà. L'enderman avait tué encore quelques hommes depuis, mais mathématiquement les dommages infligés étaient bien maigres.
Néanmoins le Seigneur-Capitaine ruminait en son for intérieur. Qu'est-ce qui aurait put pousser un enderman à s'attaquer seul à Gamabal, le bastion du Culte des Étoiles, la forteresse de l'élite Marodianne. Un enderman pris de folie ? Est-ce au moins possible ? Probablement pas. Alors quoi ? L'intérêt d'une telle attaque était d'attirer toute l'attention de Gamabal dessus, donc de faire une diversion. Mais comment cela serait-il possible ? Les créatures des Ténèbres n'agissaient jamais de manière organisée. Ou alors, se pouvait-il qu'il y ait un général à leur tête ?
Razal n'eut pas le temps d'y réfléchir plus avant qu'une silhouette noire se matérialisa à côté d'un Défenseur d'Argent et le plaqua d'une main à la gorge contre la paroi rocheuse. Les soldats réagirent au quart de tour, et l'enderman disparut lorsque le revers d'un bouclier allait le percuter. L'homme contre le mur cracha du sang et tâcha de se remettre d'aplomb alors que les autres se postèrent de chaque côté du couloir, dos au mur. L'idée était de rendre impossible pour l'ombre noire une attaque par derrière.
Celle-ci réapparut devant un Défenseur d'Obsidienne qui abattit sa hache à double tranchant qui ne rencontra que de l'air. L'enderman s'était téléporté une nouvelle fois, saisissant le casque d'un Défenseur d'Argent qui n'eut aucun répit.
La Défenseuse d'Obsidienne profita de ce que le créature était momentanément occupée pour la frapper de son épée longue, le tranchant arracha un cri strident à l'enderman lorsqu'il entailla la chair noire qui disparut un instant après.
La créature des Ténèbres allait réapparaître, le tout était de savoir sur qui. Razal fit un pari et se rua sur le Défenseur d'Argent qui avait été attaqué à la gorge plus tôt. Le Seigneur-Capitaine leva sa lame au-dessus de sa tête devant le soldat qui ne prit pas peur car confiant. La seule raison pour que son Seigneur-Capitaine décide de le tuer était qu'il ait fait une grave faute, ce qui n'était présentement pas le cas.
Le silhouette noire apparut entre Razal et le Défenseur. La menace poussa un nouveau cri lorsque la lame du Seigneur-Capitaine creusa une profonde blessure dans le dos sombre, et quand l'épée du Défenseur d'Argent le traversa de part en part.
L'enderman disparut néanmoins. Et en un cri de guerre, la Défenseuse d'Obsidienne frappa d'un coup d'estoc l'abdomen de la créature qui venait de se matérialiser devant elle. L'ombre se courba sur la douleur et la femme en armure bondit afin de décapiter d'un geste circulaire l'adversaire. Lorsqu'elle regagna le sol, elle fit voler d'un coup de pied la tête de l'enderman qui allait toucher le dallage du couloir.
Entre le moment où les Défenseurs s'étaient postés contre les parois de pierre, et la mort de la silhouette noire, s'était déroulé une minute à peine. Ce qui expliquait le peu de réactivité des Défenseurs d'Argent, moins talentueux, moins expérimentés et moins réactifs que leurs supérieurs.
Les Défenseurs présents s'écartèrent sur le passage d'Eckwan qui découvrit finalement le cadavre de la créature des Ténèbres gisant sur les dalles. Razal et une Défenseuse d'Obsidienne se dressaient derrière le corps, la femme en armure noire tenait une pique sur laquelle était enfiché la tête lisse de l'enderman.
- Beau travail, déclara le Roy en inclinant légèrement la tête.
Les deux autres répondirent en hochant tout aussi brièvement du chef. Le Grand-Prêtre continua :
- Reste à savoir pourquoi.
Razal répondit du tac au tac :
- Diversion.
Au même moment un murmure qui parcourait tous les Défenseurs de la Citadelle atteint les soldats d'élite proches du Roy et du Seigneur-Capitaine. Un Défenseur d'Argent proche répéta plus haut à l'intention de ses supérieurs :
- Nouvelle-Ecensor est attaquée par des hordes de créatures des Ténèbres.
C'est ainsi que les informations circulaient dans ce genre de situation au sein de la Citadelle. Le bouche-à-oreille est plus rapide qu'un messager seul. Et aucun risque de déformation de l'information parmi les Défenseurs.
Aussitôt la Défense se mit en branle et se préparait à rejoindre la capitale Marodianne.
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Les cors sonnaient, le fracas de l'acier, les cris des hommes et les sons stridents des arachnides et autres créatures des Ténèbres retentissaient sur le montagne de Gamabal depuis une bonne heure déjà.
Sous le firmament des Étoiles les Défenseurs de Gamabal luttaient contre des amas de zombies au frêle équipement, des groupuscules de squelettes ambulants aux os cliquetant à chacune de leur flèche meurtrière décochée, des armadas d'araignées géantes escaladant les murs, les tours, et précipitant les hommes dans le vide.
Cette marée des Ténèbres avait surgit de l'ancien fort de la Guilde de Mercenaires, dévalé sa montagne pour gravir le mont de Gamabal. Si les zombies et les squelettes avaient dû passer par le chemin conventionnel, les araignées noires et velues avaient grimpé à même les flancs de la montagne.
Les Défenseurs s'étaient tous postés sur les murailles et les tours, repoussant les créatures aux longues pattes, abattant les cadavres ambulants qui avaient amené quelques échelles -fait bien étrange pour des créatures des Ténèbres. Des endermans avaient également fait leur apparition, rapidement abattus dans cette masse compacte de Défenseurs.
Les serviteurs du Mal arrivaient en nombre, tant et si bien qu'ils confinaient avec efficacité l'élite de Marodia dans son bastion, l'empêchant ainsi de prêter assistance à la cité.
Eckwan luttait sur les remparts, embrochant sur ses épées des araignées les unes après les autres. Razal faisait de même avec sa longue lame sur le partie Sud des murs, et Alice se tenait dans une des tours et décochait ses traits meurtriers dans le corps de ces bêtes maléfiques. Le Roy aurait préféré la savoir au cœur de la forteresse, à l'abri, ou avec les blessés, si elle tenait tant à se rendre utile.
Cette attaque des Ténèbres était anormale. D'une toute autre ampleur que les simples embuscades dont les civilisations avaient l'habitude. Depuis quand les serviteurs des Ténèbres s'organisaient-ils à un tel niveau ?
Quelques cris avertirent Eckwan lorsque la Défense se rendit compte que des arachnides descendaient des murs du Grand Temple. Les créatures des Ténèbres exploitaient le point faible dans l'enceinte, et escaladaient le donjon pour pénétrer directement dans la cour intérieure. Laquelle était remplie de Défenseurs qui luttèrent alors sur ce nouveau front.
Le Grand-Prêtre se demanda combien de temps cela durerait. Il semblait arriver toujours plus de ces monstres. Et la Défense n'éprouvait pas tant de difficultés à lutter malgré son sous-nombre, mais elle pourrait s'épuiser si le combat durait trop longtemps. L'affrontement poursuivrait-il jusqu'à l'aube ? S'arrêterait-il quand le soleil illuminerait le paysage Marodian ?
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Dans la forteresse de Gamabal, les blessés graves arrivaient, portés par deux autres hommes qui repartaient directement au combat après avoir reçus quelques soins mineurs prodigués par les prêtres et prêtresses.
Telle était la procédure lors de la défense de la Citadelle. Les Défenseurs étaient au combat. Chaque fois qu'un soldat était gravement blessé, deux de ses compagnons ''abandonnaient'' alors leur poste et l'emmenaient à l'abri pour repartir aussitôt que possible. Cela permettait de créer une sorte de roulement parmi les Défenseurs au combat, et limitait en grande partie les pertes. Il était déjà assez risqué d'affronter la Défense de Gamabal, mais l'affronter dans son propre bastion, sur son fief relevait du suicide.
Néanmoins, Varel, un prêtre, l'un des premiers à avoir rejoins leur Grand-Prêtre lorsqu'il s'était opposé au Pape, ressentait la puissante magie maléfique qui œuvrait. Ces créatures des Ténèbres étaient dirigées et poussées par un puissant nécromant.
Le vieil homme au visage ridé finit de panser le bras d'un Défenseur et lorsque sous sa main la lumière blanche s'éteignit, il se releva et leva la voix dans cette salle où seuls les blessés proféraient quelques sons par leurs gémissements :
- Béoca, Harund, Ellinde, Derar, Nurgor, Drosa, Resielle. Nos pouvoirs seront plus utiles au combat.
Les sept prêtres et prêtresses cités acquiescèrent, Varel était un homme respecté parmi eux et ses décisions étaient toujours pleines de bon sens, et sans un mot les huit dévoués au Culte des Étoiles gagnèrent le chemin qui menait à la surface.
Lorsqu'ils franchirent les portes qui donnaient sur la cour intérieur, ce fut pour découvrir une araignée au-dessus d'un Défenseur couché sur le dos qui tentait de se débarrasser de la créature.
Varel réagit au quart de tour, d'un geste de la main il projeta un trait de lumière sur la bête velue qui poussa un cri strident en s'écartant vivement pour être embrochée sur la lance d'un autre Défenseur.
Les prêtres levèrent la tête pour voir descendre les arachnides vers eux et le reste des Marodians. Ils projetèrent alors une vague lumineuse vers les bestioles qui furent aveuglées et achevées par des flèches Marodiannes.
Ils se joignirent ainsi au combat aux côtés des Défenseurs, protégeant le point faible, dispensant quelques maigres soins, réduisant en poussière quelques créatures plus grandes et plus puissantes que la normale.
D'aucuns auraient dit qu'ils jouaient le rôle des mages de Redfort sur le vieux continent lors des combats contre l'Empire Caslyannais. Mais ces personnes étaient à présent bien peu nombreuses.
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Dans la cité de Nouvelle-Ecensor la mort envahissait les rues. La Garde luttait corps et âme contre les nuées de créatures des Ténèbres. Celles-ci avaient confinés les humains dans le centre-ville et le quartier d'Autrerive.
Alrik, monté sur son destrier, recevait les derniers rapports des officiers à la Place du Dragon. Une troupe forte de cinq cent hommes de la Garde attendait derrière lui tandis que le reste de la ville se battait.
- Bien, fit l'homme aux cheveux blancs au messager qui repartir au pas de course.
Le Premier Général de Marodia et Chef de la Garde de Nouvelle-Ecensor s'adressa ensuite au Commandant Azamir, un haut officier qui avait combattu sous la République lors des guerres Rakatas menées par Eckwan Delvain -à ce moment là Général des Armées :
- La Bande est prête ?
Azamir répondit à l'affirmative. La Bande était prête. La Bande était un groupe de membres de la Garde de Nouvelle-Ecensor, choisis par Alrik pour leurs capacités et leur expérience. L'élite de la Garde en somme, bien que dans les faits ils équivalaient plus à la garde rapprochée du Premier Général.
Alors que la Bande montée sur chevaux se mit en branle dans un concert de cliquetis vers la Porte du Dragon, Alrik leva haut la pique surmontée d'un fanion qu'il tenait et fit signe de faire ouvrir la grande herse.
Le vieil homme tourna un instant son regard vers Gamabal, une multitude d'ombres mouvantes recouvraient ses murs, ses pierres. Et on entendait d'ici, faibles mais distincts, les cors de la Défense, malgré la clameur des combats menés dans la capitale. Alrik ne se souciait pas réellement de la bonne santé de la Défense, mais ce qui l'interpellait était l'étrange organisation des Ténèbres. Cette organisation bien que quelque peu archaïque rappelait au vétéran les durs combats menés sur la Frontière Nord du vieux continent, du temps d'Eckwan premier du nom et de Géduoin. Ses adversaires étaient alors non seulement des créatures des Ténèbres mais surtout des hordes d'Orcs, de barbares et de Trolls, dont l'intelligence qui pouvait paraître limitée leur permettait tout de même d'établir des stratégies redoutables.
La herse se leva sous l'action de puissants bras Marodians, ouvrant le passage aux créatures des Ténèbres qui tentèrent de s'engouffrer dans la cité. Elles furent reçues par une puissante charge de cavalerie de la Bande qui poussa son cri de guerre, Alrik galopant au devant, la pointe de son arme d'hast bientôt recouverte de sang.
Les cavaliers rentrèrent dans les rangs des Ténèbres comme dans du beurre, et, piques en avant, ils se retrouvèrent rapidement hors des murailles du centre-ville. Les cohortes de zombies et de tas d'os se battant grâce à l'action de quelque magie maléfique étaient moins nombreuses sur le front Sud de la capitale Marodianne. Certainement du fait que la région Sud de Nouvelle-Ecensor était plus habité que le Nord, d'autant plus que le Nord avait été peu à peu déserté depuis les guerres Rakatas. Le but de la manœuvre conduite par Alrik était de libérer le Sud pour concentrer l'ensemble des troupes au Nord. Stratégie sensée qu'aurait probablement effectué n'importe quel chef digne de ce nom.
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En haut de la montagne, au milieu des combats, une boule de lumière blanche jaillit au centre d'un cercle formé par quatre prêtres. La lumière pure s'éleva sous l'action de ses créateurs et baigna l'ensemble du sommet de la montagne dans un concert de lumière et d'ombres.
Les créatures des Ténèbres furent gênées par l'apparition de cette source lumineuse et les Défenseurs y voyaient désormais plus clair et se battaient avec plus d'efficacité.
Razal, qui achevait présentement un des squelettes archers qui se servaient des araignées comme monture, vit en cette lumière une lueur d'espoir et un regain d'énergie vitale. Les Étoiles veillaient sur eux et ils se battaient pour Elles. Le Seigneur-Capitaine ne douta pas que nombre des Défenseurs penseraient de même, il fut donc satisfait du gain de moral qu'apportait ce condensé de pureté aux soldats d'élite.
De son côté Eckwan ne vit pas la différence. La lumière émise par la boule effaçait simplement les ombres et les couleurs n'apparaissaient pas. Exactement comme ce qu'il voyait en permanence dans la pénombre. C'est seulement lorsqu'il fit un tour sur lui-même pour évaluer brièvement la situation qu'il se rendit compte de la présence de la lumière pure. Le Grand-Prêtre sourit intérieurement aux avantages qu'elle conférait, ainsi qu'au soutien au combat de Varel et des quelques prêtres et prêtresses qui l'avaient suivis.
La magie des prêtres se limitait généralement à la capacité de soigner des blessures ou bien de bénir un objet, une arme par exemple afin qu'elle soit plus efficace contre un serviteur des Ténèbres. Cependant certains prêtres et prêtresses pouvaient créer des boucliers magique mineurs, lancer des rayons lumineux ou bien encore éclairer un espace. La magie du Culte des Étoiles était fournie par les Étoiles Elles-mêmes. Cela n'avait donc rien à voir avec la magie à proprement parlé que pratiquait les magiciens, qui résidaient pour la plupart dans la Confrérie des Mages, héritage de l'Académie de Céloutata. Alors que ces mages requéraient une aptitude innée pour la magie, les Étoiles procuraient selon Leur bon vouloir un peu de leur puissance aux prêtres et prêtresses.
Cette nuit-là, Eckwan avait le sentiment que les Étoiles observaient avec attention l'affrontement. Il lui semblait que la puissance de Varel et ses compagnons était plus grande que jamais. Et ses propres pouvoirs à lui semblaient bouillonner en son for intérieur.
Pendant qu'il retirait Foudre-Lame de l'abdomen d'une arachnide, le souffle d'une explosion secoua tous les combattants, humains comme monstres.
Le Roy inspecta du regard l'enceinte afin de comprendre d'où venait le bruit assourdissant. Il se raidit lorsqu'il découvrit à la place de la boule lumineuse de la fumée noire s'éparpillant en volutes. A la vision de cette fumée, il en fut certain, c'était l’œuvre d'un nécromant, d'un serviteur des Ténèbres.
Un éclair noir fusa depuis le toit du Grand Temple des Étoiles et fila vers Eckwan. La magie noire heurta un bouclier lumineux qui se matérialisa devant le Grand-Prêtre. L'énergie maléfique ricocha et s'abattit sur un Défenseur d'Obsidienne et une araignée velue non loin, les deux se désintégrant sous l'impact.
Le bouclier de lumière disparut, et le Roy avait conscience qu'il en avait été le créateur. Il n'eut pas le temps d'y penser qu'il cerna déjà le lanceur de l'éclair. Sur le quartz, le marbre et l'argent du toit du Grand Temple se tenait une silhouette humaine. A sa vue, Eckwan sentit son corps tout entier parcourut par un frisson électrisant. Comme à chaque fois qu'il avait été traversé par un éclair lancé par les Étoiles.
Il lui sembla être envahi par la puissance des Étoiles, par Leurs pouvoirs.
Le Champion des Étoiles sut qu'il lui fallait abattre ce nécromant, le chef de ces créatures des Ténèbres. Le Roy sentit une force incommensurable dans ses jambes, il bondit dans les airs d'un saut et alors qu'il arriva à vive allure à la hauteur du serviteur des Ténèbres, celui-ci franchit d'un élancement la distance les séparant. Les deux hommes se percutèrent de plein fouet !
Et lorsqu'ils retombèrent en chute libre, Eckwan put voir le visage de son adversaire.
Un visage creusé, le teint plus blanc que celui du Grand-Prêtre -pourtant déjà bien pâle- des yeux rouges transpirant le maléfissisme. La peau écailleuse était striée de veines noires, traits d'encre sur parchemin blanc. Quelques cicatrices parcouraient cette face fendue en deux par un sourire qui découvrait des dents pointues et menaçantes. Dans ce visage inhumain, Eckwan crut y discerner de la familiarité. Lorsque son regard s'arrêta sur l'épée que le nécromant tenait, il put donner une identité à ce serviteur des Ténèbres. Une épée sombre, obscure, qu'il avait déjà rencontré à plusieurs reprises, tenue dans une main possédant des griffes plutôt que des ongles.
Cette créature, cet adversaire, ce serviteur des Ténèbres, n'était autre que Navari...
Eckwan atterrit au milieu des Défenseurs qui s'étaient écartés de justesse dans la cour intérieure. Le Roy ne ressentit pas le choc à l’atterrissage, et déjà son regard se fixait là où son adversaire était tombé, non loin du pied de la tour nommée l'Observatoire.
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Le soleil s'était depuis un moment déjà caché derrière l'horizon. Ne restait plus que la lueur des torches pour éclairer le chemin des habitants de la capitale Marodianne, pour la plupart endormis.
Depuis la Citadelle de Gamabal, les Défenseurs effectuant leur tour de garde observaient -l'oeil vigilant- les alentours du château et de la cité s'étalant au pied de la montagne.
Dans la pénombre ambiante il était difficile de discerner les silhouettes, et les Défenseurs avaient conscience que bien qu'ils formaient l'élite du Royaume cela ne faisait pas d'eux des nyctalopes, et n'importe qui avec un semblant de discrétion pouvait passer inaperçu.
Près de la porte de la tour Nord-Est, deux Défenseurs d'Argent scrutaient en silence le paysage s'étendant au Nord. L'un d'eux fixa un instant l'ancien fort de la Guilde des Mercenaires. Abandonné et vide depuis que le Seigneur Navari avait quitté les lieux avec ses hommes.
Pourtant, le Défenseur crut un instant voir une silhouette humanoïde se dresser au sommet du fortin. Avant que le garde ne puisse proférer un seul mot, la silhouette noire disparut en un clin d'oeil et les deux soldats se retrouvèrent le casque défoncé et la tête écrasée dans deux mains obscures aux longs doigts.
La silhouette noire grande de presque deux hommes disparut de nouveau et ré-apparut en haut de la tour proche et tua de la même manière les trois Défenseurs s'y trouvant, dont un d'Obsidienne.
Poursuivant ses meurtres, la créature des Ténèbres vida ainsi les murailles et les tours de garde de la Citadelle dans la plus grande des discrétions et dans une rapidité d'exécution sans pareil.
Depuis le grand vitrail Est du Grand Temple des Étoiles, un Défenseur d'Argent observait la ville endormie de Nouvelle-Ecensor avant de rejoindre le vitrail opposé. Lorsqu'il atteint la vitre, la vision des corps gisant des gardes dans leur armure argentée ou sombre sur l'enceinte le frappa de stupeur. Mais l'homme se resaisit rapidement et empoigna le cor qui pendait à son côté pour l'emboucher et en tirer un son grave.
La musique ne put tinter qu'un instant avant que le Défenseur ne s'affale sur la pierre du Grand Temple aux pieds de l'ombre meurtrière.
Cela fut cependant suffisant. Il n'en fallait pas plus pour éveiller la Citadelle et donner l'alerte.
Rapidement des cors sonnèrent dans toute la bâtisse. Les Défenseurs de Gamabal s'activèrent avec vivacité et ordre, s'éveillant pour ceux qui étaient endormis, s'armant, revêtant leur armure.
Dans les profondeurs de Gamabal, le Roy Eckwan sortit de son sommeil et revêtait déjà ses bottes alors que la Reine Alice quitta elle aussi -les cheveux en pagaille- le lit.
Quand Eckwan franchit le seuil de ses appartements, des cohortes de Défenseurs d'Obsidienne se trouvaient déjà dans le couloir, devant sa porte. Pendant qu'un des officiers l'informa du peu de ce qu'il savait, plus haut on entendait les pas des Défenseurs, le son des cors résonner dans la roche.
Personne ne broncha quand les trois Grands Cors de Gamabal retentirent, émettant leur grave musique à travers toute la forteresse, se répercutant dans les parois, les couloirs, les pierres. La montagne elle-même semblait en ébullition, trembler sous les pas de plus de mille hommes et femmes. La masse rocheuse taillée afin de servir de forteresse agissait comme une caisse de résonance géante qui procurait un boucan qui aurait rivalisé avec n'importe quel orage.
C'est dans cette atmosphère pesante et guerrière que la Défense s'organisa. Il fut rapidement établi qu'il y avait dans les murs une créature des Ténèbres, un enderman, comme on les appelait alors. Eckwan fit se diviser en groupe les Défenseurs, et les dispersa à travers toute la Citadelle. Lorsque l'enderman serait trouvé, il ne lui resterait plus longtemps à vivre, si on pouvait admettre qu'une créature des Ténèbres était dotée de vie.
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Razal avançait prudemment dans l'un des couloirs de la forteresse, flanqué de deux Défenseurs d'Obsidienne dont une femme. Derrière eux suivaient avec autant de prudence quatre Défenseurs d'Argent. Tous tenaient fermement leur arme et ne proféraient pas un mot.
La traque durait depuis une bonne demi-heure déjà. L'enderman avait tué encore quelques hommes depuis, mais mathématiquement les dommages infligés étaient bien maigres.
Néanmoins le Seigneur-Capitaine ruminait en son for intérieur. Qu'est-ce qui aurait put pousser un enderman à s'attaquer seul à Gamabal, le bastion du Culte des Étoiles, la forteresse de l'élite Marodianne. Un enderman pris de folie ? Est-ce au moins possible ? Probablement pas. Alors quoi ? L'intérêt d'une telle attaque était d'attirer toute l'attention de Gamabal dessus, donc de faire une diversion. Mais comment cela serait-il possible ? Les créatures des Ténèbres n'agissaient jamais de manière organisée. Ou alors, se pouvait-il qu'il y ait un général à leur tête ?
Razal n'eut pas le temps d'y réfléchir plus avant qu'une silhouette noire se matérialisa à côté d'un Défenseur d'Argent et le plaqua d'une main à la gorge contre la paroi rocheuse. Les soldats réagirent au quart de tour, et l'enderman disparut lorsque le revers d'un bouclier allait le percuter. L'homme contre le mur cracha du sang et tâcha de se remettre d'aplomb alors que les autres se postèrent de chaque côté du couloir, dos au mur. L'idée était de rendre impossible pour l'ombre noire une attaque par derrière.
Celle-ci réapparut devant un Défenseur d'Obsidienne qui abattit sa hache à double tranchant qui ne rencontra que de l'air. L'enderman s'était téléporté une nouvelle fois, saisissant le casque d'un Défenseur d'Argent qui n'eut aucun répit.
La Défenseuse d'Obsidienne profita de ce que le créature était momentanément occupée pour la frapper de son épée longue, le tranchant arracha un cri strident à l'enderman lorsqu'il entailla la chair noire qui disparut un instant après.
La créature des Ténèbres allait réapparaître, le tout était de savoir sur qui. Razal fit un pari et se rua sur le Défenseur d'Argent qui avait été attaqué à la gorge plus tôt. Le Seigneur-Capitaine leva sa lame au-dessus de sa tête devant le soldat qui ne prit pas peur car confiant. La seule raison pour que son Seigneur-Capitaine décide de le tuer était qu'il ait fait une grave faute, ce qui n'était présentement pas le cas.
Le silhouette noire apparut entre Razal et le Défenseur. La menace poussa un nouveau cri lorsque la lame du Seigneur-Capitaine creusa une profonde blessure dans le dos sombre, et quand l'épée du Défenseur d'Argent le traversa de part en part.
L'enderman disparut néanmoins. Et en un cri de guerre, la Défenseuse d'Obsidienne frappa d'un coup d'estoc l'abdomen de la créature qui venait de se matérialiser devant elle. L'ombre se courba sur la douleur et la femme en armure bondit afin de décapiter d'un geste circulaire l'adversaire. Lorsqu'elle regagna le sol, elle fit voler d'un coup de pied la tête de l'enderman qui allait toucher le dallage du couloir.
Entre le moment où les Défenseurs s'étaient postés contre les parois de pierre, et la mort de la silhouette noire, s'était déroulé une minute à peine. Ce qui expliquait le peu de réactivité des Défenseurs d'Argent, moins talentueux, moins expérimentés et moins réactifs que leurs supérieurs.
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Les Défenseurs présents s'écartèrent sur le passage d'Eckwan qui découvrit finalement le cadavre de la créature des Ténèbres gisant sur les dalles. Razal et une Défenseuse d'Obsidienne se dressaient derrière le corps, la femme en armure noire tenait une pique sur laquelle était enfiché la tête lisse de l'enderman.
- Beau travail, déclara le Roy en inclinant légèrement la tête.
Les deux autres répondirent en hochant tout aussi brièvement du chef. Le Grand-Prêtre continua :
- Reste à savoir pourquoi.
Razal répondit du tac au tac :
- Diversion.
Au même moment un murmure qui parcourait tous les Défenseurs de la Citadelle atteint les soldats d'élite proches du Roy et du Seigneur-Capitaine. Un Défenseur d'Argent proche répéta plus haut à l'intention de ses supérieurs :
- Nouvelle-Ecensor est attaquée par des hordes de créatures des Ténèbres.
C'est ainsi que les informations circulaient dans ce genre de situation au sein de la Citadelle. Le bouche-à-oreille est plus rapide qu'un messager seul. Et aucun risque de déformation de l'information parmi les Défenseurs.
Aussitôt la Défense se mit en branle et se préparait à rejoindre la capitale Marodianne.
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Musique d'ambiance (attention à la pub)
Les cors sonnaient, le fracas de l'acier, les cris des hommes et les sons stridents des arachnides et autres créatures des Ténèbres retentissaient sur le montagne de Gamabal depuis une bonne heure déjà.
Sous le firmament des Étoiles les Défenseurs de Gamabal luttaient contre des amas de zombies au frêle équipement, des groupuscules de squelettes ambulants aux os cliquetant à chacune de leur flèche meurtrière décochée, des armadas d'araignées géantes escaladant les murs, les tours, et précipitant les hommes dans le vide.
Cette marée des Ténèbres avait surgit de l'ancien fort de la Guilde de Mercenaires, dévalé sa montagne pour gravir le mont de Gamabal. Si les zombies et les squelettes avaient dû passer par le chemin conventionnel, les araignées noires et velues avaient grimpé à même les flancs de la montagne.
Les Défenseurs s'étaient tous postés sur les murailles et les tours, repoussant les créatures aux longues pattes, abattant les cadavres ambulants qui avaient amené quelques échelles -fait bien étrange pour des créatures des Ténèbres. Des endermans avaient également fait leur apparition, rapidement abattus dans cette masse compacte de Défenseurs.
Les serviteurs du Mal arrivaient en nombre, tant et si bien qu'ils confinaient avec efficacité l'élite de Marodia dans son bastion, l'empêchant ainsi de prêter assistance à la cité.
Eckwan luttait sur les remparts, embrochant sur ses épées des araignées les unes après les autres. Razal faisait de même avec sa longue lame sur le partie Sud des murs, et Alice se tenait dans une des tours et décochait ses traits meurtriers dans le corps de ces bêtes maléfiques. Le Roy aurait préféré la savoir au cœur de la forteresse, à l'abri, ou avec les blessés, si elle tenait tant à se rendre utile.
Cette attaque des Ténèbres était anormale. D'une toute autre ampleur que les simples embuscades dont les civilisations avaient l'habitude. Depuis quand les serviteurs des Ténèbres s'organisaient-ils à un tel niveau ?
Quelques cris avertirent Eckwan lorsque la Défense se rendit compte que des arachnides descendaient des murs du Grand Temple. Les créatures des Ténèbres exploitaient le point faible dans l'enceinte, et escaladaient le donjon pour pénétrer directement dans la cour intérieure. Laquelle était remplie de Défenseurs qui luttèrent alors sur ce nouveau front.
Le Grand-Prêtre se demanda combien de temps cela durerait. Il semblait arriver toujours plus de ces monstres. Et la Défense n'éprouvait pas tant de difficultés à lutter malgré son sous-nombre, mais elle pourrait s'épuiser si le combat durait trop longtemps. L'affrontement poursuivrait-il jusqu'à l'aube ? S'arrêterait-il quand le soleil illuminerait le paysage Marodian ?
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Musique d'ambiance
Dans la forteresse de Gamabal, les blessés graves arrivaient, portés par deux autres hommes qui repartaient directement au combat après avoir reçus quelques soins mineurs prodigués par les prêtres et prêtresses.
Telle était la procédure lors de la défense de la Citadelle. Les Défenseurs étaient au combat. Chaque fois qu'un soldat était gravement blessé, deux de ses compagnons ''abandonnaient'' alors leur poste et l'emmenaient à l'abri pour repartir aussitôt que possible. Cela permettait de créer une sorte de roulement parmi les Défenseurs au combat, et limitait en grande partie les pertes. Il était déjà assez risqué d'affronter la Défense de Gamabal, mais l'affronter dans son propre bastion, sur son fief relevait du suicide.
Néanmoins, Varel, un prêtre, l'un des premiers à avoir rejoins leur Grand-Prêtre lorsqu'il s'était opposé au Pape, ressentait la puissante magie maléfique qui œuvrait. Ces créatures des Ténèbres étaient dirigées et poussées par un puissant nécromant.
Le vieil homme au visage ridé finit de panser le bras d'un Défenseur et lorsque sous sa main la lumière blanche s'éteignit, il se releva et leva la voix dans cette salle où seuls les blessés proféraient quelques sons par leurs gémissements :
- Béoca, Harund, Ellinde, Derar, Nurgor, Drosa, Resielle. Nos pouvoirs seront plus utiles au combat.
Les sept prêtres et prêtresses cités acquiescèrent, Varel était un homme respecté parmi eux et ses décisions étaient toujours pleines de bon sens, et sans un mot les huit dévoués au Culte des Étoiles gagnèrent le chemin qui menait à la surface.
Lorsqu'ils franchirent les portes qui donnaient sur la cour intérieur, ce fut pour découvrir une araignée au-dessus d'un Défenseur couché sur le dos qui tentait de se débarrasser de la créature.
Varel réagit au quart de tour, d'un geste de la main il projeta un trait de lumière sur la bête velue qui poussa un cri strident en s'écartant vivement pour être embrochée sur la lance d'un autre Défenseur.
Les prêtres levèrent la tête pour voir descendre les arachnides vers eux et le reste des Marodians. Ils projetèrent alors une vague lumineuse vers les bestioles qui furent aveuglées et achevées par des flèches Marodiannes.
Ils se joignirent ainsi au combat aux côtés des Défenseurs, protégeant le point faible, dispensant quelques maigres soins, réduisant en poussière quelques créatures plus grandes et plus puissantes que la normale.
D'aucuns auraient dit qu'ils jouaient le rôle des mages de Redfort sur le vieux continent lors des combats contre l'Empire Caslyannais. Mais ces personnes étaient à présent bien peu nombreuses.
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Musique d'ambiance
Dans la cité de Nouvelle-Ecensor la mort envahissait les rues. La Garde luttait corps et âme contre les nuées de créatures des Ténèbres. Celles-ci avaient confinés les humains dans le centre-ville et le quartier d'Autrerive.
Alrik, monté sur son destrier, recevait les derniers rapports des officiers à la Place du Dragon. Une troupe forte de cinq cent hommes de la Garde attendait derrière lui tandis que le reste de la ville se battait.
- Bien, fit l'homme aux cheveux blancs au messager qui repartir au pas de course.
Le Premier Général de Marodia et Chef de la Garde de Nouvelle-Ecensor s'adressa ensuite au Commandant Azamir, un haut officier qui avait combattu sous la République lors des guerres Rakatas menées par Eckwan Delvain -à ce moment là Général des Armées :
- La Bande est prête ?
Azamir répondit à l'affirmative. La Bande était prête. La Bande était un groupe de membres de la Garde de Nouvelle-Ecensor, choisis par Alrik pour leurs capacités et leur expérience. L'élite de la Garde en somme, bien que dans les faits ils équivalaient plus à la garde rapprochée du Premier Général.
Alors que la Bande montée sur chevaux se mit en branle dans un concert de cliquetis vers la Porte du Dragon, Alrik leva haut la pique surmontée d'un fanion qu'il tenait et fit signe de faire ouvrir la grande herse.
Le vieil homme tourna un instant son regard vers Gamabal, une multitude d'ombres mouvantes recouvraient ses murs, ses pierres. Et on entendait d'ici, faibles mais distincts, les cors de la Défense, malgré la clameur des combats menés dans la capitale. Alrik ne se souciait pas réellement de la bonne santé de la Défense, mais ce qui l'interpellait était l'étrange organisation des Ténèbres. Cette organisation bien que quelque peu archaïque rappelait au vétéran les durs combats menés sur la Frontière Nord du vieux continent, du temps d'Eckwan premier du nom et de Géduoin. Ses adversaires étaient alors non seulement des créatures des Ténèbres mais surtout des hordes d'Orcs, de barbares et de Trolls, dont l'intelligence qui pouvait paraître limitée leur permettait tout de même d'établir des stratégies redoutables.
La herse se leva sous l'action de puissants bras Marodians, ouvrant le passage aux créatures des Ténèbres qui tentèrent de s'engouffrer dans la cité. Elles furent reçues par une puissante charge de cavalerie de la Bande qui poussa son cri de guerre, Alrik galopant au devant, la pointe de son arme d'hast bientôt recouverte de sang.
Les cavaliers rentrèrent dans les rangs des Ténèbres comme dans du beurre, et, piques en avant, ils se retrouvèrent rapidement hors des murailles du centre-ville. Les cohortes de zombies et de tas d'os se battant grâce à l'action de quelque magie maléfique étaient moins nombreuses sur le front Sud de la capitale Marodianne. Certainement du fait que la région Sud de Nouvelle-Ecensor était plus habité que le Nord, d'autant plus que le Nord avait été peu à peu déserté depuis les guerres Rakatas. Le but de la manœuvre conduite par Alrik était de libérer le Sud pour concentrer l'ensemble des troupes au Nord. Stratégie sensée qu'aurait probablement effectué n'importe quel chef digne de ce nom.
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Musique d'ambiance
En haut de la montagne, au milieu des combats, une boule de lumière blanche jaillit au centre d'un cercle formé par quatre prêtres. La lumière pure s'éleva sous l'action de ses créateurs et baigna l'ensemble du sommet de la montagne dans un concert de lumière et d'ombres.
Les créatures des Ténèbres furent gênées par l'apparition de cette source lumineuse et les Défenseurs y voyaient désormais plus clair et se battaient avec plus d'efficacité.
Razal, qui achevait présentement un des squelettes archers qui se servaient des araignées comme monture, vit en cette lumière une lueur d'espoir et un regain d'énergie vitale. Les Étoiles veillaient sur eux et ils se battaient pour Elles. Le Seigneur-Capitaine ne douta pas que nombre des Défenseurs penseraient de même, il fut donc satisfait du gain de moral qu'apportait ce condensé de pureté aux soldats d'élite.
De son côté Eckwan ne vit pas la différence. La lumière émise par la boule effaçait simplement les ombres et les couleurs n'apparaissaient pas. Exactement comme ce qu'il voyait en permanence dans la pénombre. C'est seulement lorsqu'il fit un tour sur lui-même pour évaluer brièvement la situation qu'il se rendit compte de la présence de la lumière pure. Le Grand-Prêtre sourit intérieurement aux avantages qu'elle conférait, ainsi qu'au soutien au combat de Varel et des quelques prêtres et prêtresses qui l'avaient suivis.
La magie des prêtres se limitait généralement à la capacité de soigner des blessures ou bien de bénir un objet, une arme par exemple afin qu'elle soit plus efficace contre un serviteur des Ténèbres. Cependant certains prêtres et prêtresses pouvaient créer des boucliers magique mineurs, lancer des rayons lumineux ou bien encore éclairer un espace. La magie du Culte des Étoiles était fournie par les Étoiles Elles-mêmes. Cela n'avait donc rien à voir avec la magie à proprement parlé que pratiquait les magiciens, qui résidaient pour la plupart dans la Confrérie des Mages, héritage de l'Académie de Céloutata. Alors que ces mages requéraient une aptitude innée pour la magie, les Étoiles procuraient selon Leur bon vouloir un peu de leur puissance aux prêtres et prêtresses.
Cette nuit-là, Eckwan avait le sentiment que les Étoiles observaient avec attention l'affrontement. Il lui semblait que la puissance de Varel et ses compagnons était plus grande que jamais. Et ses propres pouvoirs à lui semblaient bouillonner en son for intérieur.
Pendant qu'il retirait Foudre-Lame de l'abdomen d'une arachnide, le souffle d'une explosion secoua tous les combattants, humains comme monstres.
Le Roy inspecta du regard l'enceinte afin de comprendre d'où venait le bruit assourdissant. Il se raidit lorsqu'il découvrit à la place de la boule lumineuse de la fumée noire s'éparpillant en volutes. A la vision de cette fumée, il en fut certain, c'était l’œuvre d'un nécromant, d'un serviteur des Ténèbres.
Un éclair noir fusa depuis le toit du Grand Temple des Étoiles et fila vers Eckwan. La magie noire heurta un bouclier lumineux qui se matérialisa devant le Grand-Prêtre. L'énergie maléfique ricocha et s'abattit sur un Défenseur d'Obsidienne et une araignée velue non loin, les deux se désintégrant sous l'impact.
Le bouclier de lumière disparut, et le Roy avait conscience qu'il en avait été le créateur. Il n'eut pas le temps d'y penser qu'il cerna déjà le lanceur de l'éclair. Sur le quartz, le marbre et l'argent du toit du Grand Temple se tenait une silhouette humaine. A sa vue, Eckwan sentit son corps tout entier parcourut par un frisson électrisant. Comme à chaque fois qu'il avait été traversé par un éclair lancé par les Étoiles.
Il lui sembla être envahi par la puissance des Étoiles, par Leurs pouvoirs.
Le Champion des Étoiles sut qu'il lui fallait abattre ce nécromant, le chef de ces créatures des Ténèbres. Le Roy sentit une force incommensurable dans ses jambes, il bondit dans les airs d'un saut et alors qu'il arriva à vive allure à la hauteur du serviteur des Ténèbres, celui-ci franchit d'un élancement la distance les séparant. Les deux hommes se percutèrent de plein fouet !
Et lorsqu'ils retombèrent en chute libre, Eckwan put voir le visage de son adversaire.
Un visage creusé, le teint plus blanc que celui du Grand-Prêtre -pourtant déjà bien pâle- des yeux rouges transpirant le maléfissisme. La peau écailleuse était striée de veines noires, traits d'encre sur parchemin blanc. Quelques cicatrices parcouraient cette face fendue en deux par un sourire qui découvrait des dents pointues et menaçantes. Dans ce visage inhumain, Eckwan crut y discerner de la familiarité. Lorsque son regard s'arrêta sur l'épée que le nécromant tenait, il put donner une identité à ce serviteur des Ténèbres. Une épée sombre, obscure, qu'il avait déjà rencontré à plusieurs reprises, tenue dans une main possédant des griffes plutôt que des ongles.
Cette créature, cet adversaire, ce serviteur des Ténèbres, n'était autre que Navari...
Eckwan atterrit au milieu des Défenseurs qui s'étaient écartés de justesse dans la cour intérieure. Le Roy ne ressentit pas le choc à l’atterrissage, et déjà son regard se fixait là où son adversaire était tombé, non loin du pied de la tour nommée l'Observatoire.