Ambiance
Les nobles étaient depuis longtemps devenus des esclaves et les esclaves d'alors avaient fournis aux nouveaux royaumes de nouvelles générations d'aristocrates, aux anciennes nations prospères et désormais oubliées avaient succédés des états despotiques et barbares pendant des siècles et des millénaires, aux grands océans de l'Ouest et de l'Est avaient succédé des chaînes de montagne auxquelles l'Homme n'avait pas encore osé s'attaquer. Et pourtant, Elandora était toujours là.
Le vent soufflait sur les vastes plaines du nord, un vent froid, venu des lointains contreforts des montagnes. Les plaines blanches de neige étincelaient sous l'effet du soleil de l'hiver, rendant difficile le repérage des cavaliers des plaines nordrosiennes qui continuaient pourtant d'avancer, le détachement d'une vingtaine de cavaliers arrivait sur la rive, dernière étape à franchir avant de parvenir au plus proche de la capitale. À l'arrière du groupe un des soldats en armure de cuir teintée couleur bordeaux portait fièrement un étendard au bout duquel pendait un drapeau rouge flottant au vent.
Le cavalier de tête, le bras droit bandé, intima au reste du groupe de s'arrêter et voulut s'avancer pour tester la solidité de l'épaisse couche de glace qui recouvrait la rivière à ce niveau du cours d'eau. Le cheval brun, quelconque, posa un premier sabot sur la surface gelée recouverte d'une couche de neige conséquente.
- Halte-là !
À peine sortis du couvert des arbres les trois hommes de l'autre côté de la rivière vinrent à la rencontre des cavaliers. Celui qui avait parlé eut l'air satisfait à la vue du drapeau rouge qui flottait au vent puis poursuivit :
- Je suis ravi de voir que vous arrivez enfin Camarade, je suis Breizh, nous sommes envoyés par le Camarade Junkov à votre recherche, puisque vous auriez dû être arrivés depuis plusieurs jours.
Le cavalier de tête fut rejoint par le reste du groupe et se fit aider pour descendre de cheval, toujours de son côté de la rive il répondit :
- Vous pouvez m'appeler Toron, Camarade, nous avons du retard je le sais, mais notre retard n'a pas d'importance, à l'heure qu'il est vous devriez être en train de vous battre contre les royalistes si la capitale n'est pas déjà tombé, qu'en est-il ?
Breizh ne s'attendait pas du tout à cette réponse et resta hébété pendant quelques secondes avant de se ressaisir, fixant le bandage sanglant du cavalier qui lui faisait face :
- Je... Hé bien... Non. Le siège de la cité se poursuit mais le Camarade Junkov n'a pas encore lancé l'assaut, préférant attendre votre arrivée.
Vous êtes blessé ?
- Quel... L'idiot ! Il ne fallait pas nous attendre, les ordres étaient très clairs, si nous sommes en retard c'est précisément un signe de plus que l'assaut aurait dû être lancé sans attendre. Plusieurs groupes royalistes se rassemblent encore dans les plaines et avec ça -il mit un coup de pied dans le vide, envoyant en l'air les flocons de neige- nous ne sommes pas en mesure de savoir grand chose, qui aurait pu croire que l'hiver viendrait si tôt ? Si ils sont assez rapides ils peuvent encore nous pousser à lever le siège, nous ne pouvons pas continuer à assiéger la ville avec d'autres forces ennemies dans le dos.
- Je... Oui Camarade.
- Est-ce que nous sommes encore loin du camp de commandement Camarade Breizh ?
- Environ une demi-journée à cheval Camarade, mais il faut avant tout nous occuper de votre bras je pense, venez, nous sommes installés dans un bosquet d'arbres situé dans un creux à une cinquantaine de mètres. J'ai seize autres hommes sous mon commandement et nos chevaux se trouvent là-bas.
- Nous n'avons pas le temps pour ça, il faut que nous partions le plus vite possible. Prenez vos hommes et vos chevaux et partons sur le champ.
- Dans ce cas laissez moi plutôt y aller seul, je pourrai transmettre au Camarade Junkov vos indications et pendant ce temps...
- Non. Je crains que cet homme ne soit trop borné pour exécuter des ordres indirects, il n'a déjà pas obéi aux premiers. Nous partons donc, et ce n'est pas négociable Camarade, toute la réussite de notre lutte en dépend. Partez trouver vos hommes puis revenez ici, nous partirons tous ensemble, nous profiterons de votre temps de préparation pour prendre un peu de repos, au moins pour les chevaux.
- Bien Camarade.
Les trois soldats repartirent à pied et disparurent bientôt derrière les arbres qui bordaient une partie de la rive Est de la rivière. Toron laissa Sebig Emers s'occupa une nouvelle fois du bandage de son bras droit, il nettoya une nouvelle fois la plaie pendant que le Commandant rouge appelait un de ses hommes :
- Doctorev, nous nous battrons dès demain, fait en sorte que nous soyons tous prêts, et retrouve surtout tous nos plans et la copie des ordres que j'ai envoyé à Junkov depuis que nous sommes partis des campements du nord, il me les faudra dès que nous aurons atteint le camp de commandement Camarade.
- J'ai tous les documents dont nous avons besoin très bien gardés et à portée de main camarade, pour le reste, je crois que nous sommes tous prêts au combat, mais la fatigue & l'épuisement pourraient jouer contre nous Camarade, il vaudrait mieux attendre.
- Nous n'avons pas le choix Camarade, tu le sais, il faut en finir au plus tôt. Une fois que la ville aura cessé d'exister et le Royaume avec elle, alors les royalistes n'auront plus de raison de se battre. D'autant plus que si l'alliance qu'ils possèdent avec les wyrkadiens est aussi fragile que nous le pensons elle s'achèvera par la même occasion.
À suivre.
Les nobles étaient depuis longtemps devenus des esclaves et les esclaves d'alors avaient fournis aux nouveaux royaumes de nouvelles générations d'aristocrates, aux anciennes nations prospères et désormais oubliées avaient succédés des états despotiques et barbares pendant des siècles et des millénaires, aux grands océans de l'Ouest et de l'Est avaient succédé des chaînes de montagne auxquelles l'Homme n'avait pas encore osé s'attaquer. Et pourtant, Elandora était toujours là.
Le vent soufflait sur les vastes plaines du nord, un vent froid, venu des lointains contreforts des montagnes. Les plaines blanches de neige étincelaient sous l'effet du soleil de l'hiver, rendant difficile le repérage des cavaliers des plaines nordrosiennes qui continuaient pourtant d'avancer, le détachement d'une vingtaine de cavaliers arrivait sur la rive, dernière étape à franchir avant de parvenir au plus proche de la capitale. À l'arrière du groupe un des soldats en armure de cuir teintée couleur bordeaux portait fièrement un étendard au bout duquel pendait un drapeau rouge flottant au vent.
Le cavalier de tête, le bras droit bandé, intima au reste du groupe de s'arrêter et voulut s'avancer pour tester la solidité de l'épaisse couche de glace qui recouvrait la rivière à ce niveau du cours d'eau. Le cheval brun, quelconque, posa un premier sabot sur la surface gelée recouverte d'une couche de neige conséquente.
- Halte-là !
À peine sortis du couvert des arbres les trois hommes de l'autre côté de la rivière vinrent à la rencontre des cavaliers. Celui qui avait parlé eut l'air satisfait à la vue du drapeau rouge qui flottait au vent puis poursuivit :
- Je suis ravi de voir que vous arrivez enfin Camarade, je suis Breizh, nous sommes envoyés par le Camarade Junkov à votre recherche, puisque vous auriez dû être arrivés depuis plusieurs jours.
Le cavalier de tête fut rejoint par le reste du groupe et se fit aider pour descendre de cheval, toujours de son côté de la rive il répondit :
- Vous pouvez m'appeler Toron, Camarade, nous avons du retard je le sais, mais notre retard n'a pas d'importance, à l'heure qu'il est vous devriez être en train de vous battre contre les royalistes si la capitale n'est pas déjà tombé, qu'en est-il ?
Breizh ne s'attendait pas du tout à cette réponse et resta hébété pendant quelques secondes avant de se ressaisir, fixant le bandage sanglant du cavalier qui lui faisait face :
- Je... Hé bien... Non. Le siège de la cité se poursuit mais le Camarade Junkov n'a pas encore lancé l'assaut, préférant attendre votre arrivée.
Vous êtes blessé ?
- Quel... L'idiot ! Il ne fallait pas nous attendre, les ordres étaient très clairs, si nous sommes en retard c'est précisément un signe de plus que l'assaut aurait dû être lancé sans attendre. Plusieurs groupes royalistes se rassemblent encore dans les plaines et avec ça -il mit un coup de pied dans le vide, envoyant en l'air les flocons de neige- nous ne sommes pas en mesure de savoir grand chose, qui aurait pu croire que l'hiver viendrait si tôt ? Si ils sont assez rapides ils peuvent encore nous pousser à lever le siège, nous ne pouvons pas continuer à assiéger la ville avec d'autres forces ennemies dans le dos.
- Je... Oui Camarade.
- Est-ce que nous sommes encore loin du camp de commandement Camarade Breizh ?
- Environ une demi-journée à cheval Camarade, mais il faut avant tout nous occuper de votre bras je pense, venez, nous sommes installés dans un bosquet d'arbres situé dans un creux à une cinquantaine de mètres. J'ai seize autres hommes sous mon commandement et nos chevaux se trouvent là-bas.
- Nous n'avons pas le temps pour ça, il faut que nous partions le plus vite possible. Prenez vos hommes et vos chevaux et partons sur le champ.
- Dans ce cas laissez moi plutôt y aller seul, je pourrai transmettre au Camarade Junkov vos indications et pendant ce temps...
- Non. Je crains que cet homme ne soit trop borné pour exécuter des ordres indirects, il n'a déjà pas obéi aux premiers. Nous partons donc, et ce n'est pas négociable Camarade, toute la réussite de notre lutte en dépend. Partez trouver vos hommes puis revenez ici, nous partirons tous ensemble, nous profiterons de votre temps de préparation pour prendre un peu de repos, au moins pour les chevaux.
- Bien Camarade.
Les trois soldats repartirent à pied et disparurent bientôt derrière les arbres qui bordaient une partie de la rive Est de la rivière. Toron laissa Sebig Emers s'occupa une nouvelle fois du bandage de son bras droit, il nettoya une nouvelle fois la plaie pendant que le Commandant rouge appelait un de ses hommes :
- Doctorev, nous nous battrons dès demain, fait en sorte que nous soyons tous prêts, et retrouve surtout tous nos plans et la copie des ordres que j'ai envoyé à Junkov depuis que nous sommes partis des campements du nord, il me les faudra dès que nous aurons atteint le camp de commandement Camarade.
- J'ai tous les documents dont nous avons besoin très bien gardés et à portée de main camarade, pour le reste, je crois que nous sommes tous prêts au combat, mais la fatigue & l'épuisement pourraient jouer contre nous Camarade, il vaudrait mieux attendre.
- Nous n'avons pas le choix Camarade, tu le sais, il faut en finir au plus tôt. Une fois que la ville aura cessé d'exister et le Royaume avec elle, alors les royalistes n'auront plus de raison de se battre. D'autant plus que si l'alliance qu'ils possèdent avec les wyrkadiens est aussi fragile que nous le pensons elle s'achèvera par la même occasion.
À suivre.